Lorsque j'étais journaliste, j'ai travaillé au Pays basque et en Corse. Je puis donc en témoigner : alors que, pendant longtemps, les langues régionales faisaient partie du folklore, que l'on essayait désespérément de les transmettre – elles n'étaient plus pratiquées que par des personnes très âgées qui les parlaient entre elles –, un renouveau s'est opéré, en réponse au déracinement culturel et géographique, sans que cela ait quoi que ce soit à voir avec le retour du nationalisme.
Les langues régionales sont perçues par un certain nombre de jeunes comme un instrument d'émancipation : ils veulent vivre au pays, y construire en s'appuyant sur leur patrimoine. Celui-ci est visuel – d'où la défense du paysage –, gastronomique – ce que personne ne remet jamais en question –, mais aussi sonore – et la langue en est évidemment l'un des piliers. C'est tout l'inverse d'un repli : un enfant à l'aise avec ses racines sera un adulte bien plus riche et équilibré. Les langues régionales sont l'une des clés du réenracinement que, partout dans la société, les Français appellent de leurs vœux.