Je suis heureux d'accueillir Mme Élisabeth Borne, ministre du travail, de l'emploi et de l'insertion, pour un échange consacré aux dispositifs en direction de la jeunesse.
« La crise sanitaire et économique que nous traversons touche particulièrement la jeunesse : marché du travail sous tension, isolement, détresse psychologique, précarité. » Il me semble que nous pouvons tous partager ce constat que vous dressiez, madame la ministre, dans une tribune parue dans Le Monde le 24 février dernier.
Depuis le début de la pandémie, les dispositifs de soutien à la jeunesse se sont accrus : primes massives à l'embauche et à l'apprentissage, aides d'urgence aux étudiants, repas à 1 euro, créations de « jobs » étudiants, montée en puissance de la Garantie jeunes. Incontestablement, les mesures sont là et des montants importants de crédits ont été engagés, parfois très rapidement.
La crise du covid-19 a révélé la précarité d'une partie de notre jeunesse en précipitant un processus de paupérisation et d'exclusion, comme le constatent les associations d'aide d'urgence – Restos du cœur, Fondation Abbé Pierre – et de nombreuses associations d'étudiants. De tels problèmes peuvent également s'expliquer par le trop grand éparpillement des aides et par le manque d'un dispositif global, aisément identifiable et accessible pour tous les jeunes, quels que soient leurs profils, leurs spécificités ou leur degré de précarité.
Il n'en est plus de même grâce au plan « 1 jeune, 1 solution » lancé en août 2020 afin de regrouper l'ensemble des dispositifs de formation et d'accompagnement pour l'accès à l'emploi des jeunes de 18 à 25 ans. Il s'agit là d'un outil performant pour faciliter les contacts entre jeunes et employeurs dans le cadre du plan d'incitation à l'embauche des 22-25 ans mais aussi pour soutenir la signature de contrats d'apprentissage.
En novembre 2020, la plateforme internet « 1 jeune, 1 solution » a permis d'élargir l'offre de services à tous les dispositifs d'accompagnement et d'engagement ; elle a été complétée en mars dernier par des offres de stages et, en avril, par un simulateur pour l'accès aux aides.
Ce plan, d'une ampleur sans précédent, a bénéficié de 9 milliards depuis sa création et devrait proposer près d'1 million de solutions aux jeunes en 2021. Le dispositif d'aide à l'embauche, qui constitue une véritable force de frappe, doit néanmoins s'arrêter à la fin du mois. Comment envisagez-vous l'avenir de la plateforme « 1 jeune, 1 solution » et comment continuera-t-elle à jouer son rôle de catalyseur ?
Il devrait en être de même pour le soutien à l'apprentissage, d'une remarquable efficacité puisqu'en 2020 la France a franchi la barre de 500 000 apprentis pour la première fois de son histoire. Qu'envisagez-vous pour prolonger et amplifier un tel élan ? J'ai récemment appris que les dispositifs proposés aux étudiants de l'IUT de Haguenau, au nord de Strasbourg, dans le Bas-Rhin – par exemple, le repas du CROUS à 1 euro – n'ont guère été utilisés, tout simplement parce qu'étant en apprentissage, les jeunes bénéficient d'une rémunération, ce qui illustre une fois encore cet engouement pour cette voie.
Plus globalement, pensez-vous, comme le propose l'association France urbaine, que la décentralisation des dispositifs de soutien à la jeunesse soit une bonne solution ?