Je suis évidemment heureuse que nous puissions aborder la question de la jeunesse et des problèmes qu'elle traverse. La situation est en effet préoccupante pour les jeunes, en particulier ceux des quartiers populaires, qui viennent chaque jour grossir un peu plus les rangs des banques alimentaires. Ils font désormais partie de ceux qu'on appelle les nouveaux pauvres.
Même si vous soutenez de manière offensive vos différents dispositifs, madame la ministre, ils me semblent plutôt relever du rafistolage et constituent souvent une excellente aubaine pour les entreprises. Conçus à l'image des politiques menées depuis quinze ans en la matière, ils accréditent l'idée que les jeunes seraient moins employables et offrent ainsi l'opportunité de profiter d'une main-d'œuvre à bas coût. Je considère, et je ne suis pas la seule d'ailleurs, que les politiques spécifiquement consacrées à l'emploi des jeunes n'ont pas fait baisser le chômage. En revanche, elles ont invariablement fait baisser les droits salariaux de tous – c'est une femme de la « génération CPE » (contrat première embauche) qui vous le dit.
Je m'associe donc à ceux qui réclament, ici même, depuis de nombreux mois, un revenu de base pour les jeunes, afin qu'ils bénéficient d'une dotation universelle dès 18 ans. Il est en effet urgent de leur assurer un revenu et de garantir la continuité de leurs droits sociaux, dès lors qu'ils sont exclus du RSA en raison de leur âge et bénéficient rarement de l'assurance chômage, faute d'avoir suffisamment travaillé.
Oui, il est urgent de revaloriser les minima sociaux et d'abandonner définitivement votre réforme de l'assurance chômage ! En durcissant les conditions d'accès aux allocations et en faisant s'effondrer leur montant, elle touchera de plein fouet l'ensemble des citoyens, donc les jeunes et leurs parents. Or, en affectant la situation des parents, elle fragilise potentiellement l'avenir des enfants.
Puisque j'évoque l'assurance chômage, je ne peux m'empêcher de vous interroger, à nouveau et sans cesse, sur la situation des intermittents de l'emploi. Ils sont plus de 2 millions à être empêchés de travailler pendant la crise sanitaire ; ils ne vont pas retrouver un emploi et continuent d'être absents des politiques que vous promouvez.