Intervention de élisabeth Borne

Réunion du mardi 18 mai 2021 à 17h15
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

élisabeth Borne, ministre :

Monsieur Roussel, je crois beaucoup à l'insertion par le sport. Il me semble que des dispositifs tels que le Pass'Sport permettent d'aller chercher des jeunes qui peuvent ressentir une certaine défiance à l'égard des structures institutionnelles mais qui arrivent à se motiver par le sport. C'est pourquoi, avec Roxana Maracineanu, nous souhaitons mobiliser pleinement les associations qui œuvrent dans le domaine sportif, notamment à l'insertion des jeunes.

Le dispositif SESAME, piloté par le ministère des sports, permet en effet d'accompagner des jeunes défavorisés vers une qualification d'encadrant ou d'animateur sportif. À ce jour, 250 jeunes ont intégré ce dispositif ; ils devraient être 1 500 cette année. Sa montée en charge va s'accélérer grâce aux nombreuses conventions signées localement avec des opérateurs de formation. Par ailleurs, nous menons des actions de repérage avec les fédérations sportives et l'AFPA. Il est très important d'aller chercher les jeunes éloignés de l'emploi et de les accompagner vers les métiers du sport. Les restrictions dues à la crise sanitaire ont handicapé ce secteur, mais je ne doute pas qu'il sera pourvoyeur d'emplois pour ces jeunes.

J'ai évoqué les difficultés propres à l'apprentissage dans le domaine culturel et liées à son mode de fonctionnement : contrats courts et employeurs multiples. Grâce au dispositif présenté la semaine dernière avec Roselyne Bachelot, les primo-accédants de moins de trente ans bénéficieront de conditions spécifiques d'accès au régime de l'intermittence, puisque le nombre d'heures requis sera ramené à 338. Ce dispositif s'appliquera pendant six mois. Il est en effet important qu'il n'y ait pas de rupture entre la sortie de formation et l'entrée durable dans l'intermittence pour les jeunes professionnels. La priorité étant évidemment d'aider ces jeunes à trouver un emploi, nous avons prévu de valoriser les opportunités dans le secteur culturel sur la plateforme « 1 jeune, 1 solution ».

Ce secteur pourra également recourir à des emplois aidés. Ainsi, 3 000 parcours emploi compétences seront réservés aux associations culturelles et bénéficieront d'un taux de prise en charge, très favorable, de 65 % du coût du contrat pour les jeunes. Nous allons également promouvoir le recours aux contrats initiative emploi. L'ensemble de ces mesures représente un effort d'environ 40 millions d'euros. Il est important d'accompagner les jeunes professionnels vers des emplois dans le domaine culturel lors de cette levée progressive des restrictions sanitaires.

Il faut avoir en tête que le réseau des missions locales est dense, puisqu'il compte plus de 6 500 lieux d'accueil pour les jeunes de 16 à 25 ans et 13 500 conseillers. En 2019, 1,2 million de jeunes ont été en contact avec ce réseau, notre objectif étant d'augmenter encore leur nombre cette année. Mais, avec Sarah El Haïry, nous souhaitons travailler avec l'ensemble des réseaux accompagnant les jeunes pour qu'ils les orientent au mieux en leur présentant les solutions proposées pour faciliter leur accès à un emploi durable. Nous avons également l'intention de déployer, dans les maisons de services au public, des personnes chargées de les accompagner et de leur faire connaître ces solutions. Nous avons en effet besoin de la mobilisation de tous pour parvenir à toucher les jeunes qui, actuellement, ne viennent pas vers le service public de l'emploi.

Madame Mörch, j'aurai l'occasion de parler au préfet de votre région, notamment. Certaines régions ont pris de l'avance : on assiste, dans certaines d'entre elles, à un vrai décollage des contrats initiative emploi. Il est vrai qu'on nous a fait part d'une possible concurrence entre l'aide à l'embauche des jeunes et les CIE. En tout état de cause, on devrait pouvoir mobiliser à plein ces contrats dans les prochains mois. Par ailleurs, notre ambition, je le répète, est de multiplier par cinq le nombre de jeunes accompagnés par un mentor. Leur rôle est essentiel en matière d'égalité des chances dans la mesure où ils ont vocation à aider notamment les jeunes dont les parents n'ont pas toujours les moyens de décoder les bonnes orientations ou qui ne savent comment trouver les stages qui conduisent à l'emploi.

Concernant le carnet de bord prévu dans le cadre du SPIE, une bonne coordination entre les différents acteurs est très importante : il faut éviter de redemander les mêmes informations à des personnes qui ont déjà beaucoup de difficultés. Son objectif est de permettre un accompagnement sans rupture. Il comprendra donc les informations que la personne acceptera de partager avec les professionnels, y compris celles concernant les éventuels freins dans son accès à l'emploi, de sorte que les différents acteurs de l'accompagnement pourront accéder directement aux éléments utiles pour coconstruire le parcours avec l'intéressé et faciliter sa mobilisation. La conception du service numérique qui viendra en soutien du carnet de bord est en cours ; il est coconstruit avec des personnes accompagnées et des professionnels de l'insertion. Une première version sera disponible en septembre, avant sa mise à disposition auprès de tous les acteurs œuvrant dans le secteur de l'insertion.

Monsieur Claireaux, je suis bien consciente des difficultés que vous avez mentionnées. Une visioconférence est organisée, ce soir, avec le préfet, les différents services mobilisés sur ce sujet et les partenaires sociaux, pour faire le point sur la mise en place des dispositifs nécessaires au développement de la formation professionnelle à Saint-Pierre-et-Miquelon. Nous rencontrons, s'agissant de la collecte de la contribution unique à la formation professionnelle et à l'alternance, une difficulté liée à l'habilitation à légiférer par ordonnance qui va nous conduire à proposer un lissage sur cinq ans pour rattraper les taux de la métropole. Nous souhaitons vraiment faire bénéficier votre territoire de tous les dispositifs de formation, en tenant compte de ses spécificités et des petits soucis juridiques liés à notre ordonnance. Nous avons bien le sujet à l'esprit et y travaillons avec Sébastien Lecornu et le ministère des outre-mer.

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