Je suis fier que le groupe Les Républicains défende un tel texte, et je remercie Anne-Laure Blin pour le travail qu'elle a mené sur le sujet dès son élection. Je félicite aussi nos collègues sénateurs d'avoir largement adopté la proposition de loi du sénateur de l'Union centriste Pierre-Antoine Levi.
La précarité étudiante n'est pas nouvelle : depuis longtemps, elle est le premier frein à la réussite universitaire de nos jeunes. Par manque de moyens, nombreux sont ceux qui renoncent à suivre certaines études ; d'autres occupent un emploi en parallèle pour les financer et faire face au coût de leur logement, des transports, de leurs repas et du matériel essentiel à la poursuite des cours. Dans un pays qui a fait le choix de rendre ses facultés accessibles alors que d'autres vendent à prix d'or les formations universitaires, nous ne pouvons pas accepter que les ressources financières demeurent l'obstacle principal à la réussite universitaire et à l'égalité des chances.
La situation a empiré en raison de la crise sanitaire liée à la covid-19, qui a privé les jeunes de la plupart des emplois étudiants. Au cours de l'épidémie, un tiers des étudiants a révélé avoir eu des difficultés financières ; pour 56 % d'entre eux, les dépenses alimentaires ont été les plus difficiles à assumer. Le Gouvernement s'est engagé en début d'année, en abaissant le tarif des repas en restaurant universitaire de 3,30 euros à 1 euro, pour les étudiants boursiers et les étudiants non boursiers en situation de précarité financière. Ce tarif particulièrement compétitif soulage de nombreux jeunes, mais malheureusement la mesure ne suffit pas. L'offre n'est accessible qu'au sein des restaurants universitaires, dont la couverture du territoire est très inégale et la qualité des prestations, variable. Dans les zones blanches dépourvues d'offre, de nombreux étudiants sont exclus de fait du dispositif, subissant une inégalité d'accès au service public de restauration universitaire.
La stratégie du conventionnement est intéressante pour les zones blanches, mais elle n'apporte pas de réponse immédiate. Par ailleurs, que fera-t-on si, dans une zone, aucun restaurant n'accepte le conventionnement ? En créant le ticket restaurant étudiant, la proposition de loi permet d'apporter une aide alimentaire systématique aux étudiants éloignés des restaurants universitaires. C'est un grand pas, qui concernera tous les jeunes, sans exception.
La Haute Assemblée a travaillé pour faire évoluer la proposition initiale et aboutir à un texte équilibré. Le dispositif reste largement encadré par les CROUS, les établissements d'enseignement supérieur et les collectivités territoriales, de façon à éviter que le nouveau service bénéficie à des offres alimentaires peu satisfaisantes sur les plans nutritionnel et sanitaire. Il se limite, en outre, aux étudiants n'ayant pas accès à un restaurant universitaire. Il ne s'agit pas de venir concurrencer le dispositif existant, déjà largement déficitaire ; c'est bien un complément permettant d'atteindre ceux qui souffrent dans les zones blanches, pour que chacun ait un même accès aux aides alimentaires qui lui sont dues. Cela n'entrave ni le développement des restaurants universitaires ni leur déploiement sur le territoire, non plus que le conventionnement, qui peut être conduit parallèlement et qui doit se poursuivre. Le ticket restaurant étudiant est un complément qui permet une réponse rapide, en attendant l'implantation d'un restaurant universitaire ou d'un conventionnement.
La France ne peut pas se résoudre à la précarité étudiante et laisser ses étudiants souffrir de faim. Nos étudiants sont notre avenir. Quelles que soient nos orientations politiques, il n'y a pas de désaccord à avoir sur ce point. Le Sénat a traité cette question avec sagesse : il apporte des limites raisonnables au dispositif, tout en actant le principe d'étendre la solidarité alimentaire envers tous les étudiants. Notre commission, puis notre assemblée, s'honorerait en suivant sa position, en adoptant conforme la proposition de loi, afin d'obtenir une entrée en application au plus vite – l'amender risquerait de renvoyer aux calendes grecques une aide aux étudiants en grande précarité dans les zones blanches.
Pour toutes ces raisons, le groupe Les Républicains votera en faveur de la proposition de loi et vous encourage à soutenir nos étudiants en votant favorablement.