La proposition de loi du sénateur Pierre‑Antoine Levi tendant à créer un ticket restaurant étudiant reprend une idée défendue par l'Union nationale interuniversitaire (UNI) depuis plusieurs années. Si elle a le mérite de soulever un vrai débat sur le maillage des CROUS, le dispositif qu'elle propose ne répond pas au problème de la majorité de nos étudiants.
Notre système de restauration universitaire compte 801 points de vente à tarif social, gérés par les CROUS. Le modèle, unique en Europe, est plébiscité par les étudiants puisque 80 % d'entre eux le recommandent. Les mesures exceptionnelles décidées pour venir en aide aux nombreux étudiants durement frappés par la crise sanitaire ont été mises en œuvre avec l'appui des CROUS. Ces derniers proposent aujourd'hui des repas à 1 euro pour les étudiants boursiers et les étudiants non boursiers en difficulté financière, et des repas à 3,30 euros pour les autres. De tels tarifs permettent d'assurer l'accès à une alimentation équilibrée, durable et à petit prix, dans un réseau de 220 communes.
Le ticket restaurant étudiant que promeut la proposition de loi comme solution de remplacement au modèle des restaurants universitaires risquerait d'affaiblir le réseau des CROUS. Déjeuner au CROUS, c'est avoir un accès à un repas complet, équilibré et durable. C'est aussi un facteur de lien social : 90 % des étudiants y déjeunent en groupe. Toutefois, la question du maillage de la restauration universitaire est légitime. Les CROUS ne sont pas répartis de manière homogène, et les zones blanches existent. Contrairement à une idée reçue, elles ne concernent pas que la ruralité.
Plutôt que de concurrencer les CROUS en instaurant des tickets restaurant pour l'ensemble des étudiants, nous devons renforcer la couverture globale du réseau et proposer des solutions aux étudiants dans les zones blanches. Un modèle pertinent serait un dispositif de bons d'achats alimentaires pour les étudiants de ces territoires. Un amendement en ce sens, présenté avec l'ensemble des groupes de la majorité, sera défendu par le groupe Agir ensemble, qui réservera son vote à l'adoption de celui-ci.