J'avoue être un peu étonnée par ces amendements.
La première modification proposée consiste à reprendre une disposition réglementaire du code de l'éducation. Autrement dit, ce que vous proposez – pour éviter une adoption conforme – est faisable à droit constant. Du reste, 190 organismes ne sont-ils pas d'ores et déjà agréés par les CROUS ?
La seconde modification est plus étonnante encore. Alors que certains s'opposent au ticket restaurant étudiant au motif qu'il profiterait à la restauration privée, favoriserait la malbouffe et échapperait à tout contrôle, vous proposez de lui substituer un dispositif flou, qui consiste en la distribution de coupons alimentaires ou de titres-restaurants par le biais d'une aide alimentaire… Pourtant, la mesure que nous proposons est non seulement simple à mettre en œuvre mais aurait, en outre, l'avantage d'être cofinancée par l'étudiant à hauteur du montant qu'il acquitte aujourd'hui dans les CROUS. J'ajoute qu'il ressort de nos auditions que l'aide alimentaire n'est pas toujours sollicitée par les étudiants, qui la jugent stigmatisante et qui, pendant le confinement, n'ont pas tous osé réclamer les coupons auxquels ils avaient droit.
Le dispositif que vous proposez est donc moins opérationnel que le nôtre ; il ne permet pas de cibler la restauration étudiante et il est stigmatisant. Comment pourrait-il, dès lors, remédier aux difficultés actuelles ? Je suis donc, vous l'aurez compris, totalement défavorable à ces amendements dont l'adoption mettrait à bas le travail préparatoire du Sénat et enverrait ce texte aux oubliettes car, vous le savez, nous arrivons au terme de la législature et nous n'aurons pas la possibilité de discuter d'un tel texte.
On peut se faire plaisir en adoptant un dispositif dont on sait qu'il ne sera pas applicable. Après tout, peu importe : il est vrai que les étudiants ne rencontrent aucune difficulté... Circulez, il n'y a rien à voir !