Je vous l'avais dit l'année précédente : je suis frappée par la faible riposte que vous opposez, en tant que présidente de France Télévisions, à l'augmentation de vos objectifs et à la baisse de vos moyens. Il est fou de voir à quel point vous acceptez cette situation !
Je pense que vous partagez l'idée selon laquelle la représentation de tous les citoyens à la télévision est une question démocratique. Or, le baromètre de la diversité, publié par le CSA, indiquait en 2017 que l'on pouvait entendre, sur les chaînes publiques et privées, 62 % de cadres supérieurs contre 3 % d'ouvriers. Le décalage de représentation s'est accentué : pendant la crise sanitaire, dans l'espace public, on voyait des femmes partout, aux caisses des supermarchés, dans les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), dans les hôpitaux ou dans les établissements d'éducation, mais, à la télévision, on ne voyait que des hommes prétendument experts. Avec d'autres, j'avais appelé ce phénomène le « coronaviril ». Les femmes ont été invisibilisées et continuent à l'être. Je fais le parallèle avec les classes populaires, car elles en font partie. Les classes populaires demeurent un non-sujet ou sont stigmatisées et dépréciées sur les chaînes de télévision. Les récits et les fictions forment nos imaginaires. Le service public a donc un rôle important à jouer pour valoriser les classes populaires. Dans un temps très lointain, il valorisait d'ailleurs certains métiers, comme les assistantes sociales, les éducateurs ou les enseignants. Je déplore qu'il n'assure plus ce rôle et vous interpelle à ce propos.