Intervention de Marie-Christine Saragosse

Réunion du mercredi 13 octobre 2021 à 15h05
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Marie-Christine Saragosse, présidente-directrice générale de France Médias Monde :

Je ne l'avais pas compris.

En matière d'exemplarité du service public, et notamment de déontologie et de transparence, nous avons mis en place la plateforme exigée par la loi Sapin 2 et les formations afférentes. Nous avons même obtenu la note A pour le RGPD.

Nous sommes très investis désormais en matière de RSE. Nous avons adopté notre Raison d'être en mai dernier et nommé une responsable RSE. En matière d'égalité entre les femmes et les hommes, nous faisons en effet partie des 2 % seulement d'entreprises françaises à avoir obtenu 100 % à l'index professionnel de parité. L'avis du CSA comporte d'ailleurs une erreur à ce sujet.

Les femmes expertes interviennent le plus souvent à l'antenne sur des sujets comme l'éducation, l'art de vivre, etc., à propos desquels nous ne proposons guère d'émissions. Les sujets – liés aux crises, aux guerres, à la géostratégie, etc. – que nous traitons sont généralement plus durs. Néanmoins, les femmes représentent désormais plus de 36 % de nos experts. Ce cap est important, car c'est à partir de 33 % que l'on cesse de demander aux femmes leur avis « en tant que femmes ». Nous comptons par ailleurs de nombreuses femmes à l'antenne, ou dans l'encadrement. Elles sont aussi bien payées que les hommes, promues en rentrant de congé maternité si leur catégorie a été promue, etc. D'une manière générale, nous veillons à progresser encore en matière de diversité sur nos antennes, bien que soixante nationalités y soient déjà représentées.

S'agissant des enjeux financiers et de gestion, notre trajectoire financière inscrite au COM est claire, avec une baisse de 3,5 millions d'euros de ressources publiques de 2018 à 2022. Elle est respectée, puisque nous avons déjà reçu 3 millions d'euros en moins, et perdrons encore 500 000 euros en 2022.

Nos programmes et nouveaux projets reposent surtout sur de la masse salariale, puisqu'ils sont essentiellement créés par des journalistes. De même, pour accroître la part du pachtoune et du dari à l'antenne, il faudra des êtres humains. Des glissements inéluctables de charges sont donc impliqués, notamment du fait que l'automatisme de la rétribution à l'ancienneté des journalistes figure dans l'avenant à leur convention. De plus, les contrats de distribution diminuent rarement, surtout dans un contexte de concurrence mondiale. Ces glissements nous conduisent donc à un besoin d'économies global d'environ 16 millions d'euros, soit 6 % de notre budget sur la période.

Pour préserver nos équilibres budgétaires et contribuer à l'effort demandé à l'ensemble du secteur public, nous avons donc initié un plan d'économies en réduisant les coûts de nos réseaux de diffusion, qui augmentent pourtant de 10 % ; en renégociant à la baisse les loyers, la sous-traitance de production, etc. ; et finalement en réduisant notre masse salariale de 3 millions d'euros avec la suppression de 30 postes au travers d'un plan de départs volontaires. Pour nos projets de développement, nous avons eu recours à des financements extérieurs : l'AFD pour Afri'Kibaaru, l'Union européenne pour ENTR ou Infomigrants. Le CSA a ainsi souligné dans son avis notre « solidité financière ».

Un simple maintien de notre budget après 2022 impliquerait toutefois maintenant de renoncer à certaines missions, du fait de l'augmentation inéluctable de nos charges et des financements externes « à durée déterminée » dont nous dépendons désormais. Nous avons par exemple dû répondre à un appel d'offres, dont nous attendons le résultat, pour financer ENTR en 2021.

Notre trajectoire prévoit certes une augmentation de nos ressources propres, mais elles restent limitées par des interdits déontologiques propres aux chaînes d'information, le morcellement de notre marché publicitaire international, la captation des recettes par les GAFA. De fait, aucun grand acteur international d'information multilingue n'est financé par des recettes publicitaires ou commerciales.

Pour répondre à votre question, monsieur le président, la Deutsche Welle dispose d'un budget de 365,5 millions d'euros, soit 100 millions d'euros de plus que France Médias Monde. Or, elle parle 30 langues – 10 de plus que nous –, mais réunit 249 millions de contacts hebdomadaires, contre 251 millions pour France Médias Monde.

Le budget de BBC World est de 385 millions d'euros en incluant l'aide spécifique à la transformation numérique qu'elle a reçue entre 2016 et 2020 : c'est 125 millions d'euros de plus que nous. Elle parle 42 langues, et compte 351 millions de contacts hebdomadaires, soit 100 millions de plus que nous.

Le budget de USA Global Media, l'équivalent de France Médias Monde pour els Etats-Unis, atteint enfin 751 millions d'euros, pour 62 langues parlées et 354 millions de contacts.

Le rapport coût-efficacité est donc chaque fois en notre faveur.

Quand j'ai pris mes fonctions en 2012, nous avions le même budget que la Deutsche Welle. Le budget de BBC World était déjà supérieur, mais elle a bénéficié d'un plan de 340 millions d'euros pour sa transformation numérique.

Il faudrait donc se souvenir que nous sommes un opérateur sans équivalent pour faire rayonner notre pays, au moment où la représentation nationale et les candidats à l'élection présidentielle devront réfléchir à la réforme de la redevance, à la pérennisation de nos financements européens en nous faisant entrer dans le budget septennal et à la simplification du financement de projets aussi essentiels que le développement de nos langues régionales, par exemple dans la bande sahélienne.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.