Intervention de Sarah El Haïry

Réunion du mardi 19 octobre 2021 à 18h15
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Sarah El Haïry, secrétaire d'État auprès du ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports, chargée de la jeunesse et de l'engagement :

Le programme Jeunesse et vie associative ne représente qu'une partie des crédits alloués à la jeunesse, qui bénéficie de l'accompagnement de différentes politiques publiques. Comme l'a rappelé le Premier ministre, la priorité du Gouvernement consiste à répondre aux besoins de cette jeunesse, ou plutôt de ces jeunesses dans leur diversité – la diversité des parcours appelant la diversité des mesures. Les crédits alloués à chacune de ces politiques publiques profitent à chacune de ces jeunesses, dans un esprit de partenariat d'autant plus prononcé que mon portefeuille comprend à la fois la jeunesse et la vie associative. Dans cette mission, je m'appuie sur les services déconcentrés, sur l'engagement des collectivités territoriales, des élus locaux et du monde associatif dans toute sa diversité. C'est bien sur l'ensemble de ces acteurs que reposent les programmes que nous examinons aujourd'hui.

Agir pour la jeunesse, c'est avant tout tenir compte de toute sa diversité : ses talents, ses fêlures, ses projets de vie, qui requièrent des réponses adaptées. Les crédits alloués au programme Jeunesse et vie associative s'élèveront à 772 millions d'euros en 2022, ce qui représente une progression de 11 % par rapport à cette année. Je m'attarderai sur deux axes saillants qui illustrent les orientations de ce budget : d'une part, la mobilisation pour la jeunesse, en favorisant son autonomie et en luttant contre le non-recours aux droits ; d'autre part, l'accompagnement de la reprise et du développement de la vie associative au sortir de la crise sanitaire. je le redit : le programme Jeunesse et vie associative ne représente qu'une fraction de l'effort national pour accompagner les jeunesses. Notre action, c'est de l'impulsion, de l'accompagnement à l'innovation, de la coordination interministérielle, de l'expertise, de la régulation et, surtout, de l'engagement dans les territoires.

J'évoquerai d'abord les aspects relatifs à la jeunesse. Les orientations de mes services sont définies en lien étroit avec le ministère des solidarités et de la santé, le ministère du travail, de l'emploi et de l'insertion, le ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation, et, naturellement, avec mes collègues : la ministre déléguée chargée des sports et la secrétaire d'État chargée de l'éducation prioritaire. Je détaillerai trois mesures emblématiques qui marqueront particulièrement l'année 2022 : l'amplification du service national universel (SNU), le développement du service civique et celui du mentorat.

Le SNU, accessible à toutes les jeunes filles et tous les jeunes garçons de 15 à 17 ans, sera amplifié en 2022. À un moment où notre pays se fragmente, il vise un objectif essentiel : créer un sentiment d'unité nationale autour de valeurs communes et transmettre le sens de l'engagement. Il est composé de trois phases : un séjour de cohésion d'une durée de deux semaines, une mission intérêt général d'une durée de deux semaines également, puis un engagement pouvant durer plusieurs mois.

Malgré les nombreuses contraintes récentes, le SNU a été mis en œuvre et poursuivra son développement en 2022, en vue de sa généralisation. Il accueillera au minimum 50 000 jeunes volontaires grâce à un budget de 110 millions d'euros, soit 48 millions de plus que cette année. Naturellement, un projet aussi important requiert des moyens non seulement financiers, mais aussi humains. Il était donc essentiel de renforcer les délégations régionales académiques à la jeunesse, à l'engagement et aux sports (DRAJES) et les services des sports dans les territoires. C'est pourquoi quatre-vingts emplois de chef de projet SNU seront créés dans les départements, au plus proche des jeunes.

Nous continuerons en outre à renforcer le service civique, qui constitue un des projets majeurs en faveur de la jeunesse. Il permet à des jeunes très différents, diplômés ou non, issus de territoires ruraux ou urbains, de vivre une expérience d'engagement. Depuis sa création en 2010, plus de 531 000 jeunes ont fait le choix de s'engager dans une mission de service civique. Ce dispositif continue à susciter un véritable engouement ; il est même plébiscité. Il favorise l'ouverture sur les autres, le goût de faire ensemble, le développement de compétences spécifiques. Il poursuit effectivement sa montée en charge : pas moins de 200 000 jeunes pourront s'engager en 2022.

Certains thèmes attirent particulièrement les volontaires. Pour répondre aux nombreuses demandes de jeunes souhaitant aider les personnes âgées pendant la crise sanitaire, nous avons accompagné la création de 100 000 missions de service civique intergénérationnel – on peut évoquer par exemple le service civique solidarité seniors (SC2S). Tout ce qui tourne autour de la transition environnementale éveille également l'intérêt des jeunes. Plus récemment, nous avons développé, là aussi à la demande des jeunes, des missions portant sur les questions européennes.

Le budget consacré au service civique s'élèvera à plus de 498 000 millions d'euros en 2022. Il sera stable par rapport à 2021.

Nous allons par ailleurs déployer plus largement le mentorat, grâce au dispositif « 1 jeune, 1 mentor », qui s'inscrit dans la continuité du plan « 1 jeune, 1 solution ». Actuellement, 20 000 jeunes bénéficient du mentorat chaque année. Notre objectif, avec le Collectif Mentorat, est de passer à 100 000 jeunes mentorés en 2021, puis à 200 000 en 2022. Nous y consacrerons un budget de 27 millions d'euros. Le mentorat permet de renforcer la confiance en soi de jeunes vivant un moment de transition dans leur parcours scolaire ou d'insertion professionnelle, grâce à la rencontre avec un mentor qui peut être étudiant, professionnel ou retraité.

Le programme Jeunesse et vie associative promeut également d'autres actions, en matière de loisirs éducatifs, d'accès à l'information – essentiel pour lutter contre les inégalités – et de développement des accueils collectifs de mineurs (ACM). Je crois en ces centres aérés, ces colonies de vacances, ces activités de scoutisme, qui permettent à chaque jeune de prendre pleinement sa place au sein d'une collectivité. Mes services portent une attention particulière au développement des colonies de vacances, dans leur diversité. Leur fréquentation, qui avait diminué, s'est stabilisée dès 2018-2019 et connaît désormais une recrudescence en dépit de la crise sanitaire. Ainsi, nous avons permis cette année à plus de 700 000 jeunes de partir dans un ACM – hors scoutisme. Actuellement, 1,7 million de places sont ouvertes dans plus de 31 000 accueils de loisirs sans hébergement (ALSH).

Citons également le plan mercredi, politique publique qui me plaît beaucoup car elle repose sur la conjugaison des actions au niveau territorial, à savoir le soutien des services de l'État et des caisses d'allocations familiales (CAF), mais aussi l'engagement des élus locaux, l'intelligence et l'ancrage des associations d'éducation populaire. Il s'agit de construire pour le temps périscolaire, pour le mercredi en particulier, la meilleure offre qui soit. Le plan a permis à plus de 18 000 associations agréées de bénéficier de soutiens financiers nouveaux. Le ministère apportera en 2022 un soutien de 17,9 millions d'euros aux têtes de réseaux associatifs et aux coordinations nationales, afin de mener des actions spécifiques pour accompagner les jeunesses.

Les jeunesses ont besoin de l'accompagnement offert par les associations ; accompagner les associations revient donc à accompagner le parcours de chacun. C'est pourquoi il nous faut favoriser leur redémarrage, après une crise qui a été dure pour elles. Elles ont des difficultés financières, mais souffrent également de la perte de nombreux bénévoles, car on a demandé à ceux-ci de se protéger, de rester à distance, ce qui a fragilisé le lien social. On estime que 20 % d'entre eux n'ont pas repris leur rôle au sein des structures associatives.

L'engagement de l'État en faveur du monde associatif sera stabilisé en 2022. Il inclura une action spécifique à l'égard des bénévoles, de manière à favoriser leur retour. Nous accompagnerons leur formation, pour en faire un véritable levier de reconnaissance. En 2022, les crédits du Fonds pour le développement de la vie associative (FDVA) s'établiront au total à 50,6 millions d'euros. Le FDVA 1, qui concourt au financement des plans de formation des associations, sera doté de 8,1 millions. De plus, 25 millions seront consacrés au soutien au fonctionnement et à l'innovation des associations locales. Je rappelle que le FDVA est partiellement financé par des fonds provenant des comptes bancaires inactifs, grâce à l'adoption en décembre 2019 d'un amendement au PLF pour 2020.

En outre, la mise en place du compte engagement citoyen (CEC) nous donne l'occasion de renforcer encore la formation des bénévoles. Ainsi, 14,4 millions d'euros seront dédiés à la couverture des droits à formation acquis par les bénévoles grâce au CEC. Il s'agit là encore d'accompagner les hommes et les femmes qui font vivre nos associations, de reconnaître et de valoriser leur engagement.

Enfin, il me tient à cœur de faciliter la vie quotidienne des associations. À cette fin, nous consacrerons en 2022 plus de 700 000 euros au développement de deux outils – le Compte Asso et Data Asso –, qui permettront aux associations de transmettre une seule fois à l'administration les documents requis, qu'il s'agisse de leur rapport d'activité ou des pièces d'identité de leurs responsables. L'idée est de soulager les responsables associatifs des tâches administratives quotidiennes qui pèsent sur leurs épaules.

Voilà les quelques éléments structurants du budget du programme Jeunesse et vie associative que je souhaitais souligner pour commencer cette audition.

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