Nonobstant l'autosatisfaction de la majorité et du Gouvernement, il faut garder à l'esprit qu'une part importante du budget de la mission Sport, jeunesse et vie associative est captée par les Jeux olympiques et paralympiques, le SNU et le service civique.
Le projet olympique est mené sans concertation avec les habitants, et même en contradiction avec eux, comme en témoignent les nombreuses mobilisations citoyennes au cours des derniers mois. À Aubervilliers, 4 000 mètres carrés de jardins ouvriers ont été détruits. À Bugny, où le revenu médian est inférieur au SMIC, 80 % des habitations seront vendues en accession à la propriété au prix du marché, ce qui aura pour conséquence immédiate une gentrification des quartiers.
Le SNU aurait pu être une action citoyenne majeure ; il n'en est rien. Le groupe La France insoumise avait pourtant proposé qu'il inclue une remise à niveau des jeunes en décrochage scolaire, un bilan de santé complet, un accès facilité à l'examen du permis de conduire, et qu'il soit assorti d'une rémunération au SMIC. Aucune des suggestions que nous avons formulées depuis quatre ans n'a été retenue. Il en résulte un dispositif inconséquent.
Quant au service civique, il place les jeunes dans une situation de grande précarité. L'indemnité nette mensuelle n'est que de 473,04 euros, et le soutien complémentaire, financier ou en nature, de 107,58 euros mensuels. Cela équivaut à peine à la moitié du seuil de pauvreté. De plus, le journal Le Monde révèle que le service civique est « souvent utilisé au détriment d'emplois salariés dans un secteur où les embauches sont rares », par exemple dans celui de la culture. C'est pourquoi les organisations de jeunesse souhaitent plutôt la création d'emplois jeunes, avec une rémunération au moins égale au SMIC. Je soutiens cette proposition, car les besoins sont nombreux.
Si l'on met de côté les 295,65 millions dédiés aux Jeux olympiques et paralympiques de 2024, les 110 millions alloués au SNU et les 498,8 millions destinés au service civique, il ne reste, dans ce budget, que 710 millions d'euros de crédits pour le sport, la jeunesse et la vie associative. Cela ne laisse pas grand-chose pour agir efficacement en faveur du sport amateur et des associations.
Ces dernières sont d'ailleurs les laissées-pour-compte de ce budget : les crédits alloués à l'éducation populaire baissent et les dotations au FDVA stagnent – cette stagnation pouvant être assimilée à une baisse, compte tenu de l'inflation. Les associations ont pourtant énormément souffert pendant la crise, et leur utilité publique est incontestable quand il s'agit, entre autres, de nourrir les étudiants, d'organiser l'entraide dans les quartiers, d'assurer le ravitaillement des personnes les plus enclavées sur notre territoire.
Ce PLF est, comme les précédents, une occasion manquée de mettre l'accent sur le sport amateur. Pourtant, sans sport amateur, madame la ministre déléguée, il n'y a pas de champion olympique ! Ces dernières années, nous avons fait de nombreuses propositions concrètes pour soutenir le sport amateur partout sur le territoire. Vous avez rejeté le déplafonnement de la taxe Buffet et l'augmentation des taxes sur les paris sportifs. Vous avez ignoré nos alertes sur la contestation massive des conseillers techniques sportifs à l'annonce de leur détachement. Vous avez oublié la remarque que M. Sorre et moi-même avions formulée, dans notre rapport sur la déclinaison territoriale de l'ANS, à propos de la sous-représentation du mouvement sportif, des communes rurales et des petites communes au sein des conférences régionales du sport, ainsi que la préconisation que nous avions faite à cet égard.
Madame la ministre déléguée, malgré vos efforts de communication, il est clair que ce PLF, comme les précédents, est bien loin des évolutions historiques que vous promettiez, bien loin d'une planification à long terme de la politique sportive, notamment en faveur du sport amateur. Nous voterons donc contre les crédits de la mission.