Intervention de Frédéric Reiss

Réunion du mercredi 20 octobre 2021 à 14h05
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrédéric Reiss :

Nous examinons le premier budget de l'État, qui rémunère plus d'un million de personnels et scolarise plus de douze millions d'élèves. En hausse de 1,6 milliard d'euros, on pourrait s'en réjouir, mais en y regardant de près, on constate que l'efficacité n'est pas à la hauteur des montants investis.

Le budget de l'éducation nationale a augmenté de plus de 7 milliards d'euros sous le quinquennat de François Hollande et de près de 6 milliards depuis 2017. Avec 13 milliards supplémentaires en dix ans, on serait en droit d'attendre quelques résultats. À titre de comparaison, le budget annuel de la justice est d'environ 10 milliards d'euros. Certes, ces 13 milliards comportent une part d'augmentation subie : le glissement vieillissement technicité (GVT) et l'achèvement du PPCR, issue du précédent quinquennat, comme l'a relevé Mme Rilhac. Par-delà la crise sanitaire et le « quoi qu'il en coûte », comment l'éducation nationale, dont les moyens sont en hausse depuis dix ans, et les effectifs plutôt à la baisse, n'obtient-elle que des résultats au mieux moyens dans tous les classements internationaux ? La question de l'efficience du système se pose et l'excuse de l'héritage n'a plus lieu d'être.

Je concède que certaines orientations ont été bienvenues. C'est le cas de l'accent mis sur l'enseignement prioritaire – je salue l'action de Mme Élimas –, du rééquilibrage des moyens entre le primaire et le secondaire, ou encore de l'accompagnement des enfants en situation de handicap. Pour ces derniers, les propositions du groupe LR ont souvent servi d'aiguillon.

La dépense intérieure de l'éducation se situe nettement au-dessus de la moyenne des pays de l'OCDE, mais quand on analyse les classements internationaux, corroborés par les évaluations nationales, le constat est sévère. Maîtrise insuffisante de l'écrit, performances médiocres en sciences et en mathématiques. Pire, l'école française est devenue l'une des plus inégalitaires de l'OCDE, les difficultés des élèves étant souvent liées à leur milieu socio‑économique.

Nos résultats au bac sont mirobolants mais, monsieur le ministre, vous ne m'avez toujours pas convaincu avec votre réforme du lycée, les mathématiques étant absentes du tronc commun en première et en terminale. C'est un mauvais signal pour la culture scientifique. Sans doute faut-il s'interroger sur les compétences en sciences de nos maîtres du primaire.

Monsieur le ministre, depuis 2017, vous martelez « priorité au primaire ! », ce que nous avons toujours soutenu. Parallèlement, je vous ai souvent interrogé sur les faiblesses de l'enseignement professionnel, votre deuxième priorité, disiez-vous. Or on ne peut qu'approuver la Cour des comptes, qui relève, dans un rapport de 2020, que « les conditions d'insertion dans l'emploi des jeunes issus de la voie professionnelle sont restées décevantes ». La Cour pointe le cloisonnement excessif du système éducatif français. Sans doute l'apprentissage sous statut scolaire n'est-il pas assez encouragé.

L'enseignement technique agricole est, lui aussi, en difficulté. Paradoxalement, alors que le nombre d'élèves augmente, grâce à la bonne communication du camion de L'aventure du vivant, le nombre d'enseignants est en baisse et le reste à charge élevé pour la rémunération des personnels par les établissements. Cet enseignement constitue pourtant un enjeu majeur pour le maintien et le développement d'une agriculture raisonnée, respectueuse de l'environnement et de la sécurité alimentaire des consommateurs.

Quant à l'enseignement privé sous contrat, qui attire 17 % des élèves, il mérite quelque considération car il obtient des résultats plus qu'honorables. Madame la rapporteure pour avis, vous vous interrogez sur l'augmentation de certains crédits de l'action 139, mais avez-vous auditionné les représentants de l'enseignement privé pour la préparation de ce rapport ? J'appelle d'ailleurs l'attention sur la rémunération des remplaçants, qui sont nettement moins payés que dans le public, avec souvent quatre mois de retard.

Relevant la montée du fondamentalisme religieux et la persistance des violences scolaires, déplorant l'état lamentable de la médecine scolaire et constatant que seuls 58,2 % des élèves maîtrisent les acquis attendus en fin de scolarité primaire, le groupe LR ne peut pas voter en faveur de ce projet de budget.

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