En examinant ce dernier budget du quinquennat, nous pouvons au moins reconnaître une certaine constance à votre politique. Alors que les inégalités à l'école se sont accrues tout au long de ces quatre ans et que le taux d'encadrement s'est effondré, ce dernier budget, par la maigre consolation de sa distribution de primes, ne permettra malheureusement pas de rendre à la profession son attractivité et à l'école publique toute sa force républicaine.
Loin de répondre à la crise du recrutement, votre budget continuera à marquer un recul significatif des effectifs d'enseignants, par la suppression de 410 ETP dans le secondaire et de 16 ETP dans l'enseignement agricole, ajoutés aux 7 482 suppressions dans le second degré depuis le début du quinquennat. Presque 8 000 suppressions de postes pourront être portées à votre actif, soit l'équivalent de 166 collèges. Pourtant, les effectifs d'élèves ne cessent d'augmenter, plaçant ces derniers dans des conditions d'apprentissage déplorables, marquées par une augmentation de 3 % du nombre d'élèves par classe entre 2017 et 2021 dans les lycées et une moyenne de plus de 30 élèves par classe.
Les coupes claires ne se limitent pas au secondaire car, alors même que la majorité prétend donner la priorité au primaire, elle supprime soixante ETP, participant à une baisse du taux d'encadrement de près de 2 % entre 2017 et 2021, dans toutes les classes non concernées par le dédoublement.
Avec votre Gouvernement, nous sommes donc passés du « plus de maîtres que de classes » au « moins de maîtres que de classes ». Partout dans nos territoires, les non‑remplacements se multiplient, générant un profond sentiment d'exaspération. À l'inverse, l'école de la République a besoin d'un grand plan pluriannuel de recrutement prévoyant la titularisation des remplaçants et de vraies mesures de renforcement de son attractivité. Car si vous prévoyez enfin une revalorisation des salaires, nous ne pouvons que déplorer le retard pris par l'interruption, dès votre arrivée à la tête du ministère, du protocole PPCR que nous avions mis en place en association avec les syndicats. Si vous le reprenez, ce n'est qu'incomplètement, avec un système de primes éparses concentrées sur les débuts de carrière.
Enfin, l'école, c'est aussi le personnel encadrant, les AESH, les médecins et infirmiers scolaires. Là non plus, le budget n'est pas à la hauteur du manque criant de personnels et de la fragilité dans laquelle se retrouvent les écoles.
Je terminerai mon intervention par la condition des AESH, qui manifestaient nombreuses hier à propos de leurs conditions de travail. Nous avons noté la revalorisation de leur rémunération, de 600 euros par an, que nous réclamions depuis plusieurs années par amendement aux PLF. Il faut toutefois aller beaucoup plus loin dans le recrutement et la revalorisation pour déprécariser cette profession, la rendre attractive et couvrir les besoins nombreux des élèves.
Monsieur le ministre, notre collègue Philippe Naillet vous a interpellé hier à ce sujet dans le cadre des questions au Gouvernement. L'inclusion des enfants souffrant de handicap passe par la prise en compte des conditions de travail de ceux qui les accompagnent. Or passer du tout institution au tout inclusif par la mise en place des PIAL n'a en rien amélioré le statut des AESH. Ayant majoritairement des contrats courts, à temps partiel, entre 18 et 21 heures, qui les situent souvent sous le seuil de pauvreté, ils souffrent d'un manque cruel de formation et d'affectations de dernière minute. Leur statut incertain a nécessairement des répercussions sur le bien-être des enfants accompagnés. Nous avons tous des exemples de ces dysfonctionnements dans nos circonscriptions.
Pour ce dernier budget, notre groupe a fait, encore une fois, des propositions de nature à répondre aux grands défis d'une école qui doit être au service des décrocheurs et des plus fragiles dans une période de sortie de crise. Nous espérons être enfin entendus.