Dans la continuité de ces dernières années, les crédits de la mission Recherche et enseignement supérieur connaissent une augmentation de 700 millions d'euros pour 2022, portant son budget à 29 milliards. Cette mission représente dorénavant 3,3 % du budget général et passe de la troisième à la septième place. Les objectifs de cette enveloppe sont d'accompagner les étudiants et de favoriser leur réussite, de lutter contre la précarité étudiante, de faire évoluer le paysage institutionnel et de poursuivre la mise en œuvre de la LPR, engagée en 2021. Toutefois, face à ces enjeux et aux attentes des étudiants, des chercheurs et des personnels universitaires, nous estimons, comme chaque année, que le budget est insuffisant pour atteindre les objectifs.
S'agissant de l'enseignement supérieur et de la vie étudiante, les budgets stagnent malgré les hausses affichées. Ils ne permettent pas aux universités d'absorber les 30 000 baby-boomers des années 2000 qui s'ajoutent aux effectifs actuels d'étudiants. Les crédits alloués pour les masters sont en baisse alors que des centaines d'étudiants n'ont pas pu y accéder cette année et restent en détresse. Le « ticket U » à 1 euro n'est dorénavant accessible qu'aux seuls étudiants boursiers. Cette mesure doit être pérennisée pour tous nos étudiants. L'aide spécifique, qui s'élève à 48,8 millions d'euros, est en stagnation par rapport à 2021. Il serait plus juste d'augmenter son enveloppe afin de l'étendre à plus d'étudiants en situation de précarité. Le plan « 60 000 logements » ne produit que 36 000 nouvelles places en résidences à caractère social, dont seules 10 000 sont en service. Selon une enquête d'Ipsos, les trois quarts des jeunes de 18 à 25 ans déclarent avoir de grosses difficultés financières. Quid des moyens des universités, notamment pour l'immobilier, qui doit être rénové afin d'accueillir les étudiants dans les meilleures conditions, en particulier sanitaires, puisque les cours ont repris entièrement en présentiel ?
Concernant le volet recherche, le programme 172 bénéficiera d'une progression de 5,5 % par rapport à la loi de finances pour 2021, dans la droite ligne de la LPR, avec une montée en puissance des financements de l'Agence nationale de la recherche, en augmentation de 131 millions d'euros, soit 17 % de plus. Or cette hausse est dédiée au secteur privé et tous les audits, de France Stratégie ou de la Cour des comptes, montrent que financer la recherche des entreprises par le public est inefficace.
Nous appelons aussi votre attention sur les baisses qui ont eu lieu sur l'ensemble du quinquennat pour la recherche dans les domaines de l'énergie, du développement et de la mobilité durables, dont les autorisations de paiement sont en baisse de 5 % et les ETP de 25 %. La recherche et l'enseignement supérieur en matière économique et industrielle voient leurs autorisations d'engagement baisser de 19 %. Par ailleurs, nous ne trouvons pas d'explications au recul de 0,19 % des montants alloués à la recherche spatiale, alors que le Président de la République vient d'annoncer sa volonté d'investir dans ce secteur. Il nous semble aussi que l'arrêt total des crédits concernant le programme de recherche duale et celui de recherche culturelle et culture scientifique est un non-sens.
Ce budget affiche de grosses augmentations mais ne répondra pas efficacement à l'arrivée de milliers d'étudiants supplémentaires, à la nécessité d'adapter les universités aux besoins sanitaires, à l'impact de la crise sur la vie des étudiants et sur leur recherche d'emploi ou encore à la précarité des personnels et des chercheurs dans le public. Enfin, nous craignons que ces augmentations ne soient que l'application de l'inflation, qui s'élève cette année à 1,8 %, ce qui fait que ces lignes budgétaires n'auront pas d'impact réel. Ce budget ne permet pas de financer durablement les ambitions que nous devrions avoir pour notre pays.