Intervention de Bertrand Pancher

Réunion du mardi 26 octobre 2021 à 18h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBertrand Pancher :

La hausse du budget de la culture était plus que nécessaire cette année encore, alors que le secteur est sans nul doute l'un des plus fragilisés par la crise sanitaire. Il souffrira pour longtemps de ses conséquences désastreuses. Les pertes d'activité sont considérables et elles seront durables. Ainsi la fréquentation est-elle au plus bas dans les grands établissements publics et le spectacle vivant peine à repartir.

Ces crédits en augmentation s'ajoutent aux mesures d'urgence et à celles du plan de relance. Tout cela ne sera malheureusement pas suffisant pour sauver l'ensemble des acteurs, notamment les festivals qui, même s'ils font l'objet d'une attention particulière – avec 10 millions d'euros – sont très fragilisés du fait de l'annulation d'un très grand nombre d'entre eux. Comme l'année dernière, nous appelons à augmenter les moyens en direction des créateurs et des producteurs et à proposer une véritable aide à l'équipement des salles pour la captation du spectacle vivant.

Notre groupe souhaite exprimer son inquiétude à l'égard des intermittents du spectacle alors que c'est une année blanche, heureusement prolongée, qui touchera à sa fin le 31 décembre. Nous devons réfléchir à l'amélioration de leur statut, qui n'est pas satisfaisant.

Nous ne comprenons pas l'insuffisance des crédits affectés à la culture et au patrimoine des territoires et dénonçons, une fois de plus, la concentration de ces crédits sur les équipements parisiens. À titre d'exemple, la ville de Limoges verse 5,3 millions d'euros à son opéra et l'État 240 000 euros. En revanche ce dernier verse 95 millions d'euros à l'Opéra de Paris et la Ville de Paris, rien. Comment l'expliquez-vous ? Ce n'est pas un bon signal en matière d'accès à la culture pour tous, dans tous les territoires.

Nous nous interrogeons sur le Pass Culture, même si nous partageons évidemment l'objectif poursuivi. Son poids financier paraît disproportionné, compte tenu des faibles répercussions. En Bretagne, seule région intégralement couverte par l'expérimentation, 80 % des bénéficiaires potentiels ont actionné l'application, dépensant en moyenne 105 euros sur dix mois, soit un potentiel d'achat de 252 euros sur vingt-quatre mois. Même si notre rapporteure nous a quelque peu rassurés, nous regrettons que ce pass touche peu les publics défavorisés, délaisse le spectacle vivant et les pratiques artistiques et accélère les achats en tous genres, notamment de musique.

L'an dernier, notre groupe déplorait un abondement croissant sans aucune évaluation. Un rapport a finalement été rendu en janvier 2021, mais l'expérimentation est biaisée du fait de la crise sanitaire. Pour 2022, le choix a été fait d'étaler ce dispositif dans le temps : 200 euros répartis de la quatrième à la terminale dans le cadre de l'éducation artistique et culturelle puis, à 18 ans, une enveloppe de 300 euros à utiliser suivant le goût des jeunes. Il n'est pas sûr que cette évolution suffise à faire évoluer les pratiques. Quant à la capacité de cet outil à toucher les publics défavorisés, la question demeure, car seulement 8,5 % des jeunes ayant expérimenté le pass vivent dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville. Comment rééquilibrer le dispositif ?

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