Intervention de Frédéric Reiss

Réunion du mardi 23 novembre 2021 à 17h20
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrédéric Reiss :

Réduire les inégalités d'accès à l'enseignement supérieur générées par Parcoursup est un objectif louable de la part du groupe GDR. L'on se souvient en effet des bugs de Parcoursup, en mai 2019 ; à cela s'ajoutent des inégalités récurrentes, non seulement dans l'accès à l'enseignement supérieur, mais aussi dans l'accès à des informations claires pour nos étudiants.

Le Gouvernement répète à l'envi que le nouveau Parcoursup est un processus plus humain que l'ancien, alors que le raccourcissement du calendrier et le peu de transparence des algorithmes inquiètent les étudiants. Il faut se rendre à l'évidence : certains d'entre eux se retrouvent dans des filières qui ne les attiraient pas vraiment. Comme ils sont invités à exprimer jusqu'à dix vœux, y compris des sous-vœux et parfois même des vœux d'apprentissage, il y a malheureusement des erreurs d'aiguillage.

Le groupe LR partage les observations formulées par la Cour des comptes dans son rapport de février 2020 : celle-ci suggère l'anonymisation du lycée d'origine, tout en insistant sur une mesure de pondération de l'écart entre les résultats au bac et les notes du contrôle continu.

L'information des élèves est évidemment fondamentale pour une bonne orientation. Ces derniers ont accès, pour chaque formation, au taux d'admission des candidats dans tel ou tel établissement, à la série du bac souhaitée ou à la part des boursiers. En revanche, ils ne connaissent pas les attentes précises pour les différentes formations ni les critères des algorithmes, lesquels sont parfois locaux. Lors de la mission flash que nous avions menée avec Géraldine Bannier sur les spécialités de première, nous avions déjà alerté sur ce point. En effet, les attendus des formations supérieures sont déterminants dans le choix des lycéens en première et en terminale, et, du fait de la disparition du groupe classe, ce ne sont pas les deux professeurs principaux qui pourront distiller les bons conseils en matière d'orientation.

La Cour des comptes propose de rendre publics les critères de sélection et de créer un outil d'aide à l'orientation permettant d'analyser les classements. Aussi ne faut-il pas s'étonner que certains élèves aient recours à du coaching privé. Si les 54 heures inscrites dans l'emploi du temps étaient effectivement consacrées à l'orientation, nous n'en serions probablement pas là.

La proposition de loi que nous examinons aujourd'hui s'appuie largement sur le rapport de la Cour des comptes mais cite aussi le Défenseur des droits, la Commission nationale consultative des droits de l'homme ou un rapport sénatorial sur l'égalité des chances. Le constat est implacable : 67 % des enfants de cadres obtiennent un diplôme de l'enseignement supérieur post-licence, contre seulement 16 % des enfants d'ouvriers. Cela montre que l'ascenseur social est en panne.

Si, au sein du groupe LR, nous partageons le diagnostic sur les inégalités d'accès au supérieur, nous sommes beaucoup plus réservés sur les dispositifs proposés, qui sont contraires à notre vision de l'enseignement supérieur. J'ai bien noté vos arguments, madame la rapporteure, mais l'anonymisation pure et simple du lycée d'origine ne nous convient pas, pas plus que les critères de détermination des capacités d'accueil mentionnant des taux de pression, ce dernier critère étant jugé non fiable par la Cour des comptes.

Enfin, accueillir tous les candidats venant de l'enseignement professionnel et technologique en STS ou en IUT ne nous semble pas raisonnable. Une évaluation des candidatures, des critères de mérite et l'élaboration d'une doctrine fixant d'une manière concertée les capacités d'accueil pour l'ensemble des formations du supérieur nous semblent plus acceptables. Le groupe Les Républicains s'abstiendra donc sur cette proposition de loi.

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