Le 25 octobre, le site de L'Étudiant commençait un article consacré au bilan de Parcoursup en 2021 par une phrase assez évocatrice : « Pour réussir sur Parcoursup, il vaut mieux être un bon élève et préparer un bac général. » Ces mots témoignent d'une réalité que de nombreux jeunes ont vécue cette année encore : l'orientation est un long parcours, qui peut être semé d'embûches si l'on ne rentre pas dans certaines cases.
Je remercie donc nos collègues du groupe GDR de profiter de leur journée de niche parlementaire pour mettre sur la table un sujet qui concerne chaque année plus de 700 000 jeunes et, à travers eux, plus de 700 000 familles. Il est vrai que certains chiffres, pour l'année 2021, sont assez surprenants. Par exemple, il a fallu attendre le 4 août pour que 90 % des bacheliers sans mention aient une réponse, alors que la même proportion des bacheliers ayant obtenu une mention très bien l'avait reçue dès le 17 juin. Le 1er juillet, 79 % des bacheliers généraux avaient reçu une réponse, mais seulement 48 % des bacheliers professionnels. À cette même date, les places en BTS, pourtant très courtisées par ces mêmes bacheliers professionnels, étaient les moins pourvues. Ce que ces chiffres mettent en lumière, c'est que Parcoursup fait davantage attendre les étudiants ayant obtenu de moins bons résultats et ceux qui s'orientent vers les filières que l'on aurait tendance à considérer comme moins prestigieuses. Pensez-vous, madame la rapporteure, qu'il serait nécessaire de rétablir une hiérarchie dans les vœux ?
Pour en revenir au cœur de cette proposition de loi, même si mes propos ont été assez critiques jusqu'ici, il faut reconnaître, comme le fait la Cour des comptes, que la plateforme Parcoursup a succédé au très décrié système d'admission post-bac, notamment en raison du tirage au sort, et qu'elle a permis, dans un premier temps, de remettre de l'ordre et de donner des résultats satisfaisants pour une bonne partie des élèves.
L'article 1er s'inspire directement de l'une des recommandations de la Cour des comptes, puisque vous proposez d'anonymiser le lycée d'origine de l'élève, mais vous ne reprenez pas la seconde partie de cette recommandation, qui prévoit de « lui substituer une mesure de l'écart entre les résultats au baccalauréat et la notation au contrôle continu ». Une telle disposition serait pourtant de nature à garantir une certaine équité dans l'appréciation des dossiers. Je souscris à votre demande d'une plus grande transparence, s'agissant des critères retenus ou des spécialités favorisées par les établissements, même si je m'interroge sur la nécessité d'inscrire ces éléments dans la loi.
Votre texte soulève un problème essentiel : nos lycéens ne sont pas suffisamment accompagnés dans leur choix d'orientation. D'ailleurs, la véritable inégalité de Parcoursup concerne surtout l'accès à l'information, qui n'est pas la même en fonction de l'établissement et de la qualité de l'accompagnement à l'orientation. Je partage, à cet égard, la réflexion qu'avait faite ma collègue Agnès Thill à l'occasion de la mission flash qu'elle a conduite, avec Bertrand Bouyx, sur les spécialités en terminale dans le cadre de la réforme du baccalauréat. La disparition du groupe classe pose de nombreux problèmes et le manque de psychologues de l'éducation nationale, élément clé de l'orientation des élèves, se fait terriblement ressentir.
Si je souscris à l'ambition de ce texte d'assurer une orientation plus juste, il me semble que les cartes sont surtout entre les mains des ministères de l'éducation nationale et de l'enseignement supérieur et de la recherche. J'espère qu'ils entendront une partie de nos revendications.