Intervention de Elsa Faucillon

Réunion du mardi 23 novembre 2021 à 17h20
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaElsa Faucillon :

Vous avez dit, madame Bannier, que les inégalités sociales et scolaires, qui sont fortement corrélées dans notre pays, préexistaient à Parcoursup, et que cette plateforme n'est donc pas à l'origine de ces inégalités. C'est une évidence, mais Parcoursup, en organisant et en entérinant ces inégalités, les aggrave.

Chez ceux de nos collègues qui s'opposent à notre proposition de loi, dont l'objet, je le rappelle, est d'atténuer les effets de sélection et le caractère arbitraire de Parcoursup, je vois une forme de renoncement, et même une dénégation du droit de toutes et tous d'étudier à l'université. Parce que les moyens fournis par le ministère de l'éducation nationale et par celui de l'enseignement supérieur et de la recherche ne sont pas à la hauteur, parce que l'on manque de places à l'université, on semble se faire à l'idée que l'ère de la sélection est venue et que ce n'est pas un problème si des dizaines de milliers de jeunes ne peuvent pas accéder à l'enseignement supérieur ou y poursuivre leurs études, alors que c'est leur souhait.

Nous, nous ne renonçons pas, nous considérons qu'étudier est un droit et que l'État doit mettre tous les moyens en œuvre pour garantir ce droit. Je tiens à apporter mon soutien à toutes celles et tous ceux qui se retrouvent sans affectation ou qui ont dû renoncer à la voie qu'ils avaient choisie. Au lieu de créer de nouvelles places à l'université, ce gouvernement a choisi de renoncer, en actant ce manque de places et en organisant une sélection généralisée sur la plateforme d'inscription Parcoursup, à partir de critères et d'algorithmes opaques. Le bilan, c'est qu'à la rentrée 2021, près de 22 000 bacheliers n'ont pas trouvé de place dans l'enseignement supérieur, et qu'un certain nombre d'étudiants en licence n'en ont pas trouvé en master.

Cette proposition de loi du groupe GDR vise à contrer – modestement – les conséquences désastreuses de cette plateforme inique. Je remercie la rapporteure pour son travail, qui vise à assurer aux étudiants la jouissance du droit à l'enseignement, qui est inscrit dans notre Constitution. Parcoursup a remplacé le tirage au sort par la sélection des candidats sur des critères que nous jugeons arbitraires. L'établissement d'algorithmes opaques porte atteinte au principe d'égalité, et c'est ce que l'article 1er s'efforce de corriger.

Parcoursup a également renforcé les inégalités en faisant reposer le choix des étudiants sur des stratégies scolaires qui nécessitent des ressources. Ceux qui sont le plus touchés par cette mesure sont les élèves issus des classes populaires, car la France est le pays où les inégalités sociales et scolaires sont les plus corrélées. À force d'accroître la complexité des codes scolaires, on laisse de côté celles et ceux qui ne les maîtrisent pas. Or ce sont majoritairement des élèves des classes populaires.

Oui, Parcoursup accentue et va continuer d'accentuer les inégalités, puisqu'il organise la sélection. Dans le cadre de notre niche parlementaire, nous n'avons pas les moyens de proposer 20 milliards de plus pour l'université et la recherche, mais nous essayons au moins de réduire la sélection et l'arbitraire.

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