Je me contenterai de mentionner quelques idées générales. La première réflexion concerne les dispositifs très généraux, reposant par exemple sur l'idée que les pauvres consomment peu d'eau et qu'attribuer 15 mètres cubes par an et par personne suffirait à leur consommation de base. Or, un tel dispositif expérimenté en Belgique a démontré que, en raison d'économies d'échelle, attribuer gratuitement 60 mètres cubes à une famille de quatre enfants suffisait largement, alors qu'une personne vivant seule ne pouvait se satisfaire de 15 mètres cubes. Dans la mesure où désormais une grande partie des ménages pauvres correspondaient à des célibataires ou à des familles monoparentales, l'objectif recherché dans le cadre de cette expérimentation n'a pas été atteint.
Pour ma part, je préconise d'adopter une approche humaine et individualisée, et non une approche systématique reposant sur des ratios mathématiques. C'est pourquoi je ne milite pas pour une tarification s'appliquant à tous, prévoyant par exemple la gratuité des premiers mètres cubes consommés par un foyer. En effet, un tel dispositif conduira à augmenter le prix des mètres cubes supplémentaires afin d'équilibrer le budget du service de l'eau, ce qui pénalisera certaines familles pauvres, mais aussi à diminuer le montant des factures dédiées aux résidences secondaires. Au contraire, la bonne solution consiste à attribuer des chèques eau, utilisables uniquement pour régler une partie de la consommation d'eau, et qui pourraient être adressés au syndic dans le cadre d'un habitat collectif.
J'ajoute que l'attribution d'un chèque eau permet surtout d'engager des relations humaines afin d'aider les bénéficiaires à diminuer leur consommation d'eau, en faisant de la pédagogie ou en favorisant l'installation de matériels hydro-économes. Au contraire, je considère que l'attribution de volumes gratuits aboutit à faire perdre la valeur de l'eau.