Je poursuis la présentation de l'eau de source sous l'aspect de la protection de la ressource. Nos contraintes s'avèrent similaires à celles des minéraliers. Pour autant, l'eau de source ne dispose pas d'un périmètre physique de protection et pour cette raison, il nous faut maîtriser la dimension foncière environnant les captages, afin d'éviter les traitements chimiques, puisqu'une eau de source doit respecter des critères de qualité depuis le prélèvement jusqu'à l'embouteillage.
Dans ce même esprit de protection, nous nous coordonnons avec les collectivités et les agriculteurs, afin d'inciter à adopter des pratiques plus vertueuses. Les conventions que nous passons avec les agriculteurs visent par exemple à diminuer les taux d'azote dans le sol. En parallèle, nous invitons certains agriculteurs à obtenir des certifications, comme la certification de haute valeur environnementale 3 (HVE3). Par ailleurs, 20 millions d'euros ont été investis ces dernières années en vue de réduire les pertes en eaux. C'est-à-dire que la majorité des embouteilleurs s'équipe maintenant de soutireuses, amenant à ce qu'un litre d'eau prélevé dans la nappe corresponde à un litre d'eau embouteillé.
Sous l'angle du prélèvement, la multi-implantation des eaux de source favorise les prélèvements raisonnés. Ils s'effectuent dans des nappes captives, au plus profond de l'aquifère, sans connexion avec les nappes de surface. La filière surveille le niveau des nappes et la meilleure des surveillances est opérée par les industriels. Aussi, nous ne cherchons pas à prélever davantage que ce que la nature nous donne et chaque eau de source se trouve réglementée, suivant une procédure complexe, afin que la ressource soit exploitée manière durable.
Je peux formuler le même propos, pour l'eau de source, que monsieur Denis Cans présentait pour l'eau minérale, à savoir que les volumes totaux d'eau de source doivent être relativisés. J'opère une comparaison entre la métropole de Lille et les prélèvements d'eau de source au niveau national : la métropole de Lille prélève 45 millions de mètres cubes en nappes souterraines, soit 75 % de ses prélèvements, quand le total des volumes d'eau de source à l'échelle nationale ne représente que 6,7 millions de mètres cubes. Ces 6,7 millions de mètres cubes nationaux en eau de source correspondent à seulement 1/7ème des quantités prélevées par la quatrième plus grande agglomération française. Le président de la métropole européenne de Lille explique que son réseau d'eau enregistre 20 % de perte par an, soit 12 millions de mètres cubes en 2019. En résumé, l'eau de source prélevée chaque année en France représente 50 % des pertes d'eau d'une grande agglomération française.