Le corps des magistrats judiciaires est en réalité un assez petit corps. Je ne parle pas de qualité, mais du fait que vous êtes environ 8 000, à comparer aux 150 000 policiers et aux 100 000 gendarmes. Sur la gestion de ce petit volume, j'ai trois séries d'interrogations. Une sur la formation : formation initiale, formation continue, quelles sont les marges d'amélioration, selon vous ? Une deuxième plus inhabituelle sur la pyramide des âges : pour le dire de manière brutale, n'est-ce pas un corps trop jeune ? Chez les Britanniques, on devient magistrat judiciaire quand on est déjà senior, quand on est avocat, ou quand on a servi l'État, la nation britannique, d'une autre manière. Je ne dis pas qu'il faut faire de même, mais on peut néanmoins s'interroger. Quand on assiste en tant que parlementaire aux rentrées solennelles des tribunaux de grande instance, on est frappé par l'extrême jeunesse des magistrats qui sont pourtant confrontés à des faits souvent tragiques de l'histoire ou de la vie, à des sujets très lourds. Et puis, une question aussi, sur la rémunération : est-ce aujourd'hui une fonction suffisamment rétribuée, si on la compare à d'autres fonctions juridiques ? Quand je parle de rémunération, je pense aussi aux moyens. Sans tomber dans l'anecdote, j'ai eu une conversation avec un procureur bientôt affecté dans une très grande ville où il y a beaucoup d'enjeux qui m'expliquait que, naturellement, il n'y avait pas de logement lié au poste. Il fallait donc qu'il produise ses propres fiches de rémunérations, qu'il indique quel est son employeur, ce qui – au regard aussi de sa propre sécurité – est assez extravagant. On ne demande pas à un préfet ou un sous-préfet d'aller se loger lui-même au milieu de l'année…