Sur la formation, j'indique simplement que le concours classique d'entrée à l'École nationale de la magistrature est de moins en moins le concours unique. Nous avons de plus en plus de voies latérales et la question de la formation doit justement se poser pour ceux qui les empruntent. Il faut notamment remettre ce qu'on appelait les humanités au cœur de la formation, en particulier pour compenser la jeunesse. La mission Thiriez sur la réforme de la haute fonction publique évoque la suppression de la culture générale : je trouve cela catastrophique. La culture générale, c'est donner à tout le monde la chance de pouvoir s'élever. Nous avons fait la proposition de réinstaurer un concours qui permettrait à tous ceux qui sont intégrés de se mettre à un niveau homogène de compétence, d'humanité et de transversalité. Il est très important de décloisonner ces filières sur le modèle de l'École de guerre. Ce concours viendrait culbuter notre RH inexistante pour former, au bout de dix à quinze ans des magistrats appelés à exercer des fonctions de très haut niveau ayant du discernement, de la culture générale, de la transversalité, de l'ouverture sur les autres, etc.
La collégialité doit en outre être un réflexe cardinal, d'ailleurs également en termes d'indépendance. La collégialité doit être insufflée au maximum parce qu'elle permet justement d'éviter des erreurs de jeunesse. Le tutorat me semble aussi une piste intéressante.
S'agissant de la rémunération, il serait malvenu de dire que nous sommes mal payés au regard d'autres fonctions. Mais comparaison n'est pas raison. Si on doit se référer au taux horaire, puisque les conditions de travail sont extrêmement difficiles, oui, nous sommes très, très mal payés. Les marges d'amélioration sont réelles, notamment en ce qui concerne les primes, le calcul horaire, le respect de la circulaire Lebranchu et la prise en compte du surcoût de la vie dans des villes comme Paris.