En 2015, le groupe américain Discovery, propriétaire d'Eurosport, a acquis les droits de retransmission des jeux Olympiques de 2024 pour l'ensemble de l'Europe. En conséquence, pour la première fois, les chaînes ne négocieront pas ces droits directement avec le CIO, mais avec le groupe américain qui les a acquis au prix extrêmement élevé de 1,3 milliard d'euros.
Discovery a décidé de faire monter les enchères. M. Julien Bergereaud, directeur général du groupe pour la France, s'est expliqué, au mois d'octobre dernier, dans un entretien accordé au Figaro, sur l'exacerbation des prix. Elle s'explique d'abord, selon lui, par le fait que, pour la première fois depuis cent ans, les JO se dérouleront en France. Si la nouvelle est très valorisante pour notre pays, cela pose d'autres problèmes. Elle s'explique, ensuite, en raison de l'entrée de nouveaux acteurs, comme les opérateurs de télécommunications ou les géants de l'internet, dans la compétition pour l'acquisition des droits.
Dans la mesure où l'obligation de diffusion sur une chaîne gratuite fait partie du contrat conclu entre le CIO et Discovery, cette situation ne risque pas de porter préjudice aux spectateurs ; néanmoins ces droits risquent d'échapper au service public français. Les valeurs universelles dont les Jeux sont porteurs, l'attractivité qu'ils représentent, tous publics et toutes générations confondus, sont pourtant une belle vitrine pour les services publics européens. Au Royaume-Uni et en Allemagne, après des longues négociations, les chaînes publiques ont fini par acquérir les droits de retransmission des Jeux. Mme Delphine Ernotte a récemment affirmé qu'elle désirait que le service public français fasse de même, mais pas à n'importe quel prix.
Pensez-vous que le service public français aura les moyens d'affronter cette concurrence de manière raisonnable ? Le renoncement du CIO à négocier directement les droits n'est-il pas le vrai problème ? Le CIO garantissait la possibilité de préserver un équilibre entre négociations commerciales et citoyenneté. La construction d'un imaginaire commun contribuait à renforcer la légitimité et l'attractivité du service public de la télévision. À votre avis, sera-t-il possible de revenir en arrière pour les prochaines compétitions ?