Je vous remercie de nous consacrer de votre temps précieux, et je vous félicite car rares sont ceux qui nous donnent le sentiment d'avoir pris le temps de prendre connaissance des autres auditions. L'interactivité est toujours intéressante. Compte tenu de votre position de premier magistrat de France, c'est d'autant plus intéressant pour nous. Je vous ai adressé un questionnaire. Si vos services et vous avez le temps d'y répondre un peu plus précisément par écrit, nous étudierions vos réponses avec beaucoup d'attention. J'évoquerai plutôt ici des sujets plus ponctuels.
À votre position, au sommet de la hiérarchie, et compte tenu de la richesse de votre parcours et des multiples regards que vous avez pu poser, qu'est-ce que l'indépendance de la justice ? Je parle d'autorité, pas de pouvoir – car vous avez compris qu'il existe un jeu politique. Quels sont les endroits où cette indépendance est la plus facile à garantir ? Est-ce dans les relations avec la presse ? Est-ce un problème statutaire ou de carrière des juges ? Est-ce un problème d'immixtion du pouvoir politique ? Comment appréhendez-vous cette question centrale, le cas échéant dans la dynamique – la situation actuelle n'étant sans doute ni celle d'hier ni celle de demain ?