Intervention de Jérôme Spinoza

Réunion du mercredi 16 juin 2021 à 17h30
Commission d'enquête sur les migrations, les déplacements de populations et les conditions de vie et d'accès au droit des migrants, réfugiés et apatrides en regard des engagements nationaux, européens et internationaux de la france

Jérôme Spinoza, conseiller de coopération et d'action culturelle de l'ambassade de France en Albanie :

Si l'Albanie progresse au regard de la feuille de route inhérente à son intégration européenne, elle se situe encore fort en deçà des objectifs qu'elle doit atteindre. L'assimilation de l'acquis communautaire représente un travail considérable et nécessite beaucoup de temps. À ce stade, les principaux problèmes identifiés tiennent à l'Etat de droit, à la justice, ou encore à l'administration publique. D'une manière générale, l'État albanais demeure faible. Les relations et procédures d'ordre administratif y montrent un haut degré de personnalisation. La décision y revient toujours au Premier ministre.

Nous avons obtenu l'application d'une nouvelle méthodologie aux négociations d'adhésion. Elle inclut une forme de réversibilité. Nous récompensons des progrès et sanctionnons les reculs. Dans ces conditions, exigeante dans ses attentes, l'ambassade de France, appuyée au plus haut niveau de l'État, soutient la trajectoire européenne de l'Albanie.

Il me faut cependant observer que notre pays ne figure pas au nombre des principaux partenaires internationaux de l'Albanie. L'Allemagne la précède de beaucoup. Suivent l'Italie et les États-Unis.

Dans son ambition, la jeunesse albanaise exprime largement son attachement à l'Europe. Elle juge négativement le rapprochement du gouvernement albanais avec la Turquie. Lucide, elle sait devoir patienter entre dix et quinze ans avant que l'adhésion à l'Union ne se concrétise.

Avec les difficultés à entreprendre qu'ils rencontrent et de médiocres perspectives économiques, ce constat conduit nombre de jeunes gens, notamment les plus qualifiés, à émigrer. La population albanaise décroît ainsi progressivement. Officiellement de 3 millions d'habitants, elle se situe vraisemblablement en dessous de 2,5 millions de personnes. Le gouvernement albanais encourage le phénomène d'émigration. Sa crainte de mouvements contestataires estudiantins l'y incite.

Les Roms appartiennent assurément en Albanie à une catégorie de population sujette à des discriminations. De nombreuses familles issues de cette minorité ethnique ont émigré et se sont durablement installées en France, à la faveur de la liberté de circulation qui, depuis le début des années 2010, les dispense de toute obligation d'obtenir un visa.

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