La prostitution nigériane s'avère bien antérieure à l'époque même de la colonisation. Endémique, traditionnelle, tout particulièrement dans la région d'Edo, elle lui préexistait et se dirigeait par exemple vers le Ghana. La difficulté consiste à cerner les raisons profondes de cette « spécialisation » régionale. Il apparaît du moins que le départ à l'étranger de certaines prostituées et les gains qui en résultaient pour leurs communautés d'origine a ouvert la voie à d'autres migrations du même type.
Les Nigérianes qui migrent en Europe pour s'y prostituer agissent sous la protection de mamas qui, elles-mêmes, s'allient à des confraternités. Ces dernières, si elles peuvent dans une certaine mesure être rapprochées des mafias italiennes ou albanaises, s'en distinguent aussi par des traits spécifiques. Ils associent à la traite des êtres humains et au commerce sexuel une forme de religiosité, emprunte de sorcellerie, de rites vaudous et de serments de rembourser des dettes contractées pour émigrer. Le montant des dettes s'élève de 35 000 à 40 000 euros par femme. Les confraternités ne s'avèrent cependant pas les seules pourvoyeuses de victimes de ce trafic.
Les démantèlements des réseaux de proxénètes restent anecdotiques au Nigeria. Sur place, une unique agence rattachée, non au ministère de l'intérieur, mais à celui des affaires humanitaires, la national agency for the prohibition of trafficking in persons (NAPTIP) s'en charge en principe. Partagée entre une double mission de prévention et de répression, elle se concentre dans les faits sur le premier des deux aspects et délaisse, volontairement ou non, le second. Dans ces conditions, toute forme de coopération avec la France ou d'autres États européens apparaît des plus aléatoires.