Sur le point de savoir pourquoi le Nigeria se signale par une prostitution importante, il convient d'insister sur ce que ce territoire étendu est aussi, de longue date, le plus peuplé d'Afrique. Au regard d'une population de 200 millions d'habitants, certains au Nigeria relativisent d'ailleurs l'ampleur du phénomène.
Paru en 2019, un rapport de l'institut français de recherche en Afrique d'Ibadan (IFRA-Ibadan) a étudié la place des groupes sociaux, religieux et criminels dans la traite des femmes au Nigeria. Il confirme que la propension à la prostitution, aussi bien chez les Haoussa au Nord que chez les Igbos au Sud, y est antérieure à la colonisation. Celle-ci l'aurait plutôt accentuée par la marchandisation qu'elle a introduite dans des sociétés traditionnelles.
Pour ce qui a trait aux données chiffrées, j'indiquerai que depuis 2018, sous l'influence de plusieurs facteurs, nous observons une chute notable du nombre des arrivées de migrants nigérians illégaux en Italie. Entre 2014 et 2017, leur nombre variait de 25 000 à 40 000 par an.
En mars 2018, le roi d'Edo a d'abord annulé l'ensemble des serments qui liaient à leurs souteneurs, dans leur pays d'origine et en Europe, les Nigérianes victimes de la prostitution. Une autre cause tient à l'accord que les autorités italiennes ont conclu avec la Libye en vue d'endiguer les départs par bateaux depuis ce pays. Les Nigérians bloqués en Libye font l'objet de rapatriements par avions spécialement affrétés à cet effet. En 2019, le nombre des Nigérians présents en Libye s'évaluait à 50 000. Il semble qu'il ait considérablement diminué. Malheureusement, un transfert de l'origine des départs paraît désormais s'opérer de l'état d'Edo aux états igbos du sud-est du Nigeria. Au nord du pays, l'état de Kalo pourvoit également, en direction de l'Europe, et pour des raisons économiques, un nombre croissant de femmes victimes de la prostitution.