Il est légitime que le public se pose des questions quand il voit un groupe de CRS, une compagnie d'intervention ou un escadron de la gendarmerie mobile ne pas bouger alors qu'un abribus est saccagé ou qu'une voiture est volée. C'est toute la difficulté de l'exercice du maintien de l'ordre, qui suppose d'accepter une part de désordre et de savoir où placer le curseur.
Il faut bien avoir à l'esprit qu'à Paris comme ailleurs, c'est le préfet qui a la charge des opérations et qui délègue son autorité aux commissaires sur le terrain, lesquels doivent faire remonter les problèmes rencontrés et attendent les instructions pour manœuvrer. Il n'y a pas de solution miracle : il faut trouver l'équilibre entre, d'un côté, l'initiative laissée aux compagnies pour limiter les saccages et, de l'autre, le maintien du dispositif, conçu pour assurer la sécurité des manifestants. Laisser trop de champ à l'initiative, c'est prendre le risque de voir s'affaiblir un pan du dispositif. La réponse n'est sans doute pas satisfaisante, mais si les collègues ne bougent pas, c'est parce qu'ils n'ont pas reçu l'ordre de le faire.
Concernant la chaîne pénale, pour avoir de meilleurs résultats il faut évidemment des moyens d'identification plus solides. Nous savons que les éléments constitutifs rassemblés en situation dégradée sont fragiles. La plupart du temps, si les affaires sont classées sans suite, ce n'est pas parce que les magistrats ne retiennent pas les éléments présentés, mais parce que les avocats font leur travail de défense. Leur client n'a pu être reconnu à une distance de cinquante mètres, le port de la capuche est un élément insuffisant pour l'identifier car plusieurs personnes alentour en portaient une également, et ce n'est donc pas lui qui a jeté le caillou mais la personne à côté : tels sont les arguments utilisés le plus souvent, avec succès.
Quant au document final du SNMO, il nous a été transmis ce matin, madame la députée, mais à ma connaissance, aucun échange n'a eu lieu avec le cabinet du ministre entre vendredi dernier et hier, mardi, pour faire bouger quelques lignes.