Intervention de Général Alain Pidoux

Réunion du mercredi 14 octobre 2020 à 17h00
Commission d'enquête relative à l'état des lieux, la déontologie, les pratiques et les doctrines de maintien de l'ordre

Général Alain Pidoux, chef de l'inspection générale de la gendarmerie :

Dans la nuit du premier de l'an, on a tiré au mortier sur les gardes républicains de la caserne Kellermann, et nous n'avons pas ouvert le feu. Nous sommes sortis pour aller chercher les agresseurs et ils sont partis.

Il faut savoir raison garder et revenir à la proportionnalité. Comme au rugby, il faut aller sur le terrain de l'adversaire pour le faire reculer. La légitime défense, c'est grave ; ouvrir le feu, c'est d'une gravité absolue. En 2017, nous avons eu quatre morts liés à l'usage des armes par les gendarmes, sept en 2018, deux en 2019 et deux depuis le début de l'année. Aller voir les parents après que vous avez neutralisé quelqu'un, c'est très dur. Avant de tirer avec son pistolet, le gendarme fait preuve de maîtrise. Le GIGN se situe à un stade encore supérieur. Utilisons la panoplie de moyens de force intermédiaire dont nous disposons.

La protection fonctionnelle se déploie quand un gendarme a besoin d'être accompagné par un avocat. En six ans, le nombre de demandes de protection fonctionnelle a doublé, ce qui montre bien que l'adversité ne cesse de grandir.

Je voulais souligner un point qui n'a pas encore été évoqué, à savoir la place du chef. Sur le terrain, il faut des chefs. C'est le chef qui régule, agit, mobilise. C'est lui qui dit : « On monte ! », ou bien : « On va ouvrir le feu ! ». Les gendarmes ne sont pas toujours en binôme. La place du chef est essentielle. À la direction générale, nous travaillons sur la place du chef. Un document a été rédigé à ce sujet. En une phrase, un vrai chef est bienveillant, profondément humain, mais il est hyper exigeant et intransigeant sur les principes fondamentaux. C'est à ces conditions qu'un chef est respecté. Plus la situation devient périlleuse, plus il y a d'explosions, et plus le chef doit être serein et capable de mener ses hommes dans la bonne direction. Le premier d'entre eux est le directeur général, auquel je soumets des propositions de formation pour préparer les chefs de demain. Face à une plus grande adversité, à des difficultés croissantes et à la médiatisation, il doit être capable d'agir de la même façon lorsque tout va bien et le jour où, démuni de tout moyen technique, il doit commander à la voix.

Des pelotons de surveillance et d'intervention de la gendarmerie (PSIG) ont été très utilisés pour renforcer les forces de police devant des préfectures. À Quimper, le directeur général a décidé de les équiper et de former le numéro un et le numéro deux de chaque PSIG. J'ai été surpris de constater à quel point ces personnels ont agi avec proportionnalité et discernement. Nous sommes intervenus au début, en tenue d'intervention mais sans bouclier et sans équipement spécifique. J'avais l'avantage en Bretagne d'avoir un PSIG qui, à ma demande, avait été exceptionnellement équipé pour gérer les matchs de football à Guingamp, quand l'équipe d'En avant Guingamp avait le bonheur de jouer en première division. Nous avons utilisé l'expérience acquise. Dans tous les départements, des moyens permettent aux personnels des PSIG d'intervenir avec de tels équipements et des chefs qui ont suivi à Saint-Astier la formation élémentaire nécessaire.

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