Intervention de Jean-François Cullafroz

Réunion du jeudi 5 novembre 2020 à 11h30
Commission d'enquête relative à l'état des lieux, la déontologie, les pratiques et les doctrines de maintien de l'ordre

Jean-François Cullafroz, trésorier national de la CFDT-Journalistes :

La CFDT adhère aux propos de Dominique Pradalié, du SNJ, et à ceux d'Emmanuel Vire, du SNJ-CGT.

Depuis 1964, la CFDT a dans son acronyme la lettre « D » pour « démocratique ». Il est bien évident que le schéma national du maintien de l'ordre, comme la proposition de loi du groupe La République en Marche sur la sécurité globale, dont la discussion est à venir, ne nous conviennent pas.

Par ailleurs, alors qu'elle est prétendûment prônée par le Gouvernement, la concertation avec les organisations syndicales de la presse est inexistante. Ni le ministre de l'Intérieur ni les parlementaires de La République en marche ne nous reçoivent, avant d'élaborer un projet ou une proposition de loi, pour recueillir notre avis. Cela avait pourtant été le cas lorsque Christiane Taubira et le député Patrick Bloche avaient préparé un texte sur la protection des sources. Nous avions été associés et reçus à l'Assemblée nationale et avions pu inspirer des amendements au texte proposé.

Enfin, le 3 novembre dernier, la Fédération européenne des journalistes a adopté, lors de son assemblée générale, un texte qui soutient complètement l'opposition aux mesures annoncées. Nos collègues des pays européens, avec qui nous échangeons régulièrement, sont extrêmement préoccupés par la situation de la France, qui prétend être la patrie des droits de l'homme.

À la CFDT – comme dans d'autres organisations –, nous avons des syndicats de policiers : le Syndicat des cadres de la sécurité intérieure et Alternative Police. Nous partageons des points de vue différents, mais nous échangeons ensemble. Trois collègues journalistes pourront répondre concrètement à vos questions. Blessé lors d'une manifestation alors qu'il était en reportage, Éric Dessons du Journal du dimanche fait partie des trente journalistes qui ont porté plainte contre le ministre de l'Intérieur et qui ont demandé une enquête de l'IGPN. Gérard Fumex, lui, a été interpellé avec d'autres collègues le 12 septembre dernier à l'aéroport d'Annecy-Meythet par la gendarmerie. Enfin, Yohann Relat, qui travaille au service Société de France 2, était présent dans les manifestations et peut témoigner des comportements des forces de police et de gendarmerie à l'égard des journalistes.

Deux événements récents nous préoccupent. Outre celui du 12 septembre, qui a été évoqué à l'instant, des journalistes ont été interpellés le 3 octobre dernier à l'aéroport de Roissy, lors d'une manifestation du mouvement Extinction Rébellion. La barque est pleine et nous souhaiterions vraiment que nos parlementaires prennent soin de la presse.

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