Pour en revenir à la décision du Conseil d'État, le juge a tourné autour du pot. Dans les manifestations, les journalistes sont tous identifiés. Pourquoi le juge en vient-il à subordonner la présence des journalistes à leur identification et à leur comportement ? De la même manière, le juge est évasif à propos de la carte de presse.
S'agissant du délit d'attroupement, le juge explique que les journalistes devront faire quelques pas sur le côté, à proximité des manifestants, après l'ordre de dispersion. C'est ambigu et nous allons contester cette mesure au fond.
Concernant le traitement judiciaire, nous n'avons aucun retour sur les multiples plaintes que nous avons déposées – c'est un gros problème.
Pour obtenir la carte de presse, en France, il faut remplir deux critères : le journalisme doit être l'activité principale et il doit rapporter au moins 40 % du SMIC mensuel. Ces critères empêchent de jeunes précaires – souvent de jeunes journalistes reporters d'images (JRI), pigistes, photographes – d'obtenir cette carte protectrice.
Cela nous renvoie à la condition des journalistes en France aujourd'hui et aux pratiques des éditeurs. De plus en plus de journalistes doivent faire de la communication, par exemple, pour vivre. Dès que la rémunération de cette activité représente plus de 60 % de leur revenu, ils ne peuvent plus prétendre à la carte de presse.