J'ai été blessé par un membre d'une unité non spécialisée. Je suis journaliste, je prends des risques et je peux prendre des coups. Mais il est certain que la violence a augmenté. À ma sortie de l'hôpital, je ne voulais pas porter plainte car je considérais que cela faisait partie de mon métier. Mais, ce jour-là, un journaliste du Parisien a reçu un tir tendu dans le casque à moins de trois mètres et je ne pense pas qu'il s'agissait d'une erreur. Vingt-quatre photojournalistes ont également été blessés. Ça fait beaucoup.
La violence a augmenté envers la police, mais cela ne justifie ni les débordements ni l'attitude de la police à l'égard des journalistes. Quand nous sommes enformés dans une nasse, même en présentant notre carte de presse, nous ne pouvons pas en sortir pour faire notre travail. Nous nous faisons même insulter. Aujourd'hui – c'est hallucinant – des journalistes portent un gilet pare-balles à la demande de leur rédaction. Or, nous sommes en France !
Nous, les photographes, continuerons toujours à travailler de la même manière. Nous sommes au cœur de l'action, nous aimons ce que nous faisons, nous informons, nous ne sommes pas contre la police. Ce n'est pas parce qu'il y a un visage sur une photo que nous sommes contre la police ! Très souvent, sur les photos que nous prenons, les policiers ne sont pas reconnaissables. Cela arrange bien l'IGPN et permet de ne pas faire aboutir les enquêtes. Seules les plaintes comportant des images permettant d'identifier les policiers ont abouti. Aujourd'hui les policiers peuvent filmer, contrairement à nous.
Certes, la police est confrontée à beaucoup de violences, mais rien ne justifie sa propre violence et le fait qu'on nous empêche de travailler. L'objectif n'est pas d'être accompagné d'un garde du corps mais de se retrouver au cœur de l'action. Nous n'avons pas l'intention d'exercer notre métier en étant à l'écart.