C'est une question d'ensemble : le maintien de l'ordre est au cœur de la relation police-citoyens. Dans les villages, dans les quartiers, dans les villes, il devrait y avoir des lieux de rencontre et de dialogue entre les représentants de la force publique et les citoyens. C'est vraiment une nécessité : quand les gens se connaissent, les motifs d'irruptions de violences diminuent. Les détachements envoyés dans un endroit qu'ils ne connaissent pas pourraient interroger les centrales des CRS ou des gendarmes mobiles – certains appellent cela du renseignement – et prendre contact avec les autorités civiles sur place pour s'informer.
Il est évident que le dialogue est possible au début des manifestations. La structuration du mouvement des Gilets jaunes ne permet pas, il est vrai, la constitution de délégations, mais il est très aisé de nouer des contacts quand on est sur place. Les Gilets jaunes discutent énormément entre eux. Certains sont excédés parce qu'ils subissent déjà une violence sociale terrible ; il est difficile de communiquer avec eux, mais ils sont entourés par d'autres personnes dont certaines sont prêtes à dialoguer. Quand j'étais observateur, j'ai plusieurs fois été pris dans des nasses – voilà une technique nouvelle ! J'ai essayé de discuter avec les CRS, qui ne pouvaient rien faire ; quand j'interrogeais le gradé, il refusait souvent de parler car il était lui-même sous la pression de sa hiérarchie. Dans ces conditions, la violence ne peut que monter de part et d'autre.
J'ai également pu observer que certaines personnes, même sans formation spécifique, parviennent toujours à faire baisser le niveau des violences, tandis que d'autres le font systématiquement exploser. Un travail en ce sens doit donc être réalisé au cours de la formation. L'échange est possible, tant au début des manifestations que pendant celles-ci.