Intervention de Gabriel Serville

Réunion du mercredi 17 février 2021 à 15h00
Commission d'enquête sur la lutte contre l'orpaillage illégal en guyane

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGabriel Serville, rapporteur :

Votre présence, chers collègues, que je qualifierais presque de « massive », suffit à témoigner de l'attention que vous portez à la lutte contre l'orpaillage illégal en Guyane.

Cette question me tient à cœur depuis mon arrivée à l'Assemblée nationale, en 2012, et a d'ailleurs fait l'objet de ma première question au Gouvernement, où je me suis fait ainsi le porte-parole d'une population qui se plaignait des conséquences dévastatrices de cette pratique. D'aucuns, parfois, m'ont trouvé peut-être un peu agaçant tant je suis inlassablement revenu sur ce problème dans l'hémicycle ou en commission du développement durable et de l'aménagement du territoire mais, en tant qu'ancien professeur de mathématique et proviseur, je sais combien enseigner, c'est répéter !

Je tenais à marteler combien la Guyane est un département français, une région ultrapériphérique de l'Union européenne, et qu'elle ne pouvait se satisfaire d'appartenir à un ensemble aussi vaste et riche alors que sa population vit dans des conditions misérables. La souveraineté nationale doit s'y appliquer alors que, souvent, nous avons souffert d'un sentiment d'abandon. Lorsque l'on est aux affaires, on se rend bien compte que tel n'est pas le cas, loin s'en faut, mais il n'en reste pas moins que nous ne sommes pas parvenus, parfois, à prendre les bonnes décisions. Pour ce faire, il faut connaître le terrain, et c'est pourquoi nous avons tenu à ce que notre assemblée puisse consonner avec ses réalités humaines, physiques, financières. De nombreux rapports font état d'un volet pénal et répressif, or, ce n'est pas de cela dont la Guyane a besoin pour pouvoir lutter efficacement contre ce fléau.

Depuis quelque temps, un discours se fait jour selon lequel nous n'y parviendrons pas tant le décalage est grand entre l'action menée par les garimpeiros, qui connaissent la forêt guyanaise mieux encore que le fond de leurs poches, et les moyens déployés par les gouvernements successifs pour mettre un terme à des pratiques qu'il serait possible de limiter mais pas d'éradiquer.

Nous avons du mal à nous résoudre à cette perspective : des hommes et des femmes meurent, des enfants naissent malformés, un véritable écocide se perpétue, alors même que nous discutons de la loi climat et résilience. Nous devons être cohérents en joignant le geste à la parole, comme j'ai encore eu l'occasion de le dire hier soir en commission du développement durable. Il n'est pas possible de faire de grandes déclarations d'intention sans être capables de rétablir l'ordre sur une partie du territoire national.

Je ne referai pas l'historique de l'orpaillage illégal et de ses conséquences. Nous en avons beaucoup parlé lors de la lutte contre le projet gigantesque d'exploitation minière « Montagne d'or », dont nous avions pressenti ce qu'il aurait pu avoir de délétère. Nous avons mis le pied à l'étrier : élargissons maintenant notre champ d'investigation pour répondre à ce problème sur l'ensemble de la Guyane !

Je suis heureux de la création de cette commission d'enquête et j'espère ardemment que nous pourrons apporter les bonnes réponses, ce qui supposera certes l'engagement de dépenses publiques, mais pas uniquement.

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