Intervention de Michel Huet

Réunion du mercredi 3 mars 2021 à 15h00
Commission d'enquête sur la lutte contre l'orpaillage illégal en guyane

Michel Huet, réalisateur :

Même si je me suis plutôt concentré sur l'Oyapock, mon film parle de toute la Guyane, de l'Oyapock, du Maroni, des populations hindoues, des Wayana, des Wayampi, car tout le monde souffre de l'orpaillage illégal, désormais bien mieux organisé. Si son intensité a tendance à diminuer du côté de l'Oyapock, en revanche, la déforestation continue et les populations sont toujours sous pression et victimes de violences. C'est autour du Maroni qu'il prend désormais de l'ampleur.

Autrefois, l'orpaillage était exclusivement manuel : on piochait, on triait et on faisait passer la boue au tamis. De nouvelles méthodes arrivent depuis le Suriname jusqu'au Maroni – jets, pompes. Cela a de graves répercussions sur le fleuve, le littoral, la mangrove et sur les peuples qui vivent sur les rives. La vague de suicides en Guyane est bien réelle. La population est complètement étouffée par l'orpaillage illégal, alors même que l'armée intervient et qu'elle est active, comme je l'ai vu. Elle détruit des tonnes de matériels. Rien n'est laissé au hasard : tout est détruit, des médicaments au matériel. Elle a également un rôle humanitaire et envoie les garimpeiros malades à l'hôpital.

Il y a une dizaine d'années, les orpailleurs illégaux avaient du mal à remplacer leur matériel. Désormais, l'artisanat recule, pour laisser place à de grosses exploitations composées d'un patron, qui récupère 70 % du bénéfice, d'un financeur et d'ouvriers. Le matériel, qui arrive de Chine, est beaucoup moins coûteux que celui utilisé autrefois. Il est acheté en masse et stocké dans la forêt. Dès que du matériel est détruit, on récupère celui qui a été caché à quelques kilomètres. La méthode industrielle se déploie dangereusement. Le phénomène est surtout observé en Guyane, puisque c'est là que les réserves d'or sont les plus accessibles.

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