Intervention de Michel Huet

Réunion du mercredi 3 mars 2021 à 15h00
Commission d'enquête sur la lutte contre l'orpaillage illégal en guyane

Michel Huet, réalisateur :

Généralement, les orpailleurs sont alertés de l'arrivée de l'armée par le bruit des hélicoptères ou par le coup de téléphone d'un copain qui les voit passer, ce qui leur permet de partir avec leur or. Presque tous les orpailleurs clandestins, même les plus pauvres, possèdent un téléphone satellitaire ou une radio BLU, dont disposent les pêcheurs en haute mer. Ils ne vont pas loin, parce qu'ils savent bien que l'armée ne les torturera pas pour obtenir de l'or. Cela reste très humain : il n'y a pas de persécution, mais tout est détruit. Les puits sont détruits ou fortement endommagés ; tous les systèmes de remontées sont coupés ; tout est brûlé, y compris les médicaments. Quand l'armée part, plus rien n'est utilisable et les orpailleurs n'ont plus rien que l'or qu'ils ont caché. Sur certains sites, les orpailleurs viennent la nuit en rampant récupérer le quartz aurifère qu'ils ont extrait. Puis, quelques semaines plus tard, tout recommence.

Il y a très peu d'enfants sur les sites.

La pollution est très grave, puisque les orpailleurs utilisent du mercure, qui s'évapore, retombe sur les feuilles, puis sur le sol quand il pleut. Au contact de certaines bactéries et de certaines plantes microscopiques, le mercure se transforme en méthylmercure, qui est ensuite ingéré par les animaux puis par l'homme.

Dans le sol de la forêt amazonienne, comme dans d'autres forêts du monde, il y avait du mercure avant l'arrivée de l'homme, déposé par des évaporations océaniques ou des vapeurs volcaniques. Avec une équipe de l'Institut de recherche pour le développement (IRD), nous avons retrouvé du mercure à un mètre de profondeur. Quand le sol est lessivé à grands coups de lance, comme vous l'avez vu dans le documentaire, du mercure, présent depuis des millions d'années, est libéré.

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