Intervention de Virginie Kles

Réunion du mercredi 24 mars 2021 à 15h30
Commission d'enquête sur la lutte contre l'orpaillage illégal en guyane

Virginie Kles, conseillère technique outre-mer auprès du Premier ministre :

Nous tenons le compte du nombre des sites détruits ou arrêtés, mais le nombre des sites d'orpaillage illégal est très difficile à évaluer. Ils varient en fonction de la saison des pluies, qui permet aux pirogues d'aller plus ou moins loin, etc. L'Observatoire de l'activité minière cherche actuellement à améliorer les méthodes d'estimation existantes. Selon les mois et les services, entre 300 et 400 sites d'orpaillage illégal en alluvionnaire sont estimés exister. La lutte est aujourd'hui « efficace » en ce sens qu'elle empêche l'orpaillage illégal d'augmenter, même si elle ne suffit pas à le faire diminuer.

Certaines populations mangent des poissons carnivores figurant en fin de chaîne alimentaire, alors que le mercure s'accumule et se concentre à mesure qu'il passe des végétaux aux animaux herbivores, puis aux animaux carnivores. Ces populations sont prises en charge en ce sens que des conseils leur sont fournis, et que des services médicaux et sociaux tentent de leur faire passer des messages. Toutefois, il est extrêmement difficile d'imposer à une famille de cesser de manger les poissons qu'elle a l'habitude de pêcher. Cette question fait partie de celle sur lesquelles des réflexions sont en cours

L'orpaillage illégal coûte énormément à l'économie guyanaise, car l'or ainsi exporté n'est pas taxé, et ne crée pas les emplois qu'il devrait, même si l'orpaillage légal ne pourrait pas créer autant d'emplois qu'il existe aujourd'hui de garimpeiros. À ma connaissance, aucune étude récente et précise n'a encore porté sur les conséquences économiques positives pour l'économie guyanaise d'une élimination (qui ne sera jamais totale) de l'orpaillage illégal, car tout dépendrait des mesures prises pour installer des orpailleurs légaux sur les sites abandonnés par les orpailleurs illégaux, et de la place que les premiers pourraient y occuper. De plus, si la violence et la délinquance qui accompagnent l'orpaillage illégal disparaissaient, l'orpaillage légal ne deviendrait-il pas plus attractif qu'il l'est déjà aujourd'hui, indépendamment même des autorisations administratives, etc. ?

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