Intervention de Patrick Lecante

Réunion du mercredi 23 juin 2021 à 16h30
Commission d'enquête sur la lutte contre l'orpaillage illégal en guyane

Patrick Lecante, président du Comité de l'eau et de la biodiversité de Guyane :

D'abord, il faudrait obtenir la reconnaissance, par le biais d'une loi-cadre établie par l'assemblée nationale, de l'impact nocif de l'orpaillage illégal, qui perdure depuis au moins une vingtaine d'années, sur le territoire.

L'orpaillage illégal exerce un impact à la fois écologique et humain. La présence, de très longue date en Guyane, des garimpeiros, originaires essentiellement de l'État brésilien voisin de l'Amapá, a donné lieu à une forme d'esclavage moderne. Derrière ces travailleurs clandestins venus amasser un modeste pécule se cachent des mafias organisées de manière à bénéficier de leur main-d'œuvre.

Cette reconnaissance de la nocivité de l'orpaillage illégal doit s'accompagner de la reconnaissance de notre département comme, le seul en France, qui accueille encore une activité minière légale.

Se pose ensuite la question des moyens. La nouvelle loi climat et résilience prévoit en quelque sorte de sanctuariser les moyens dédiés à la lutte contre l'orpaillage illégal. La solution ne viendra toutefois pas forcément de l'accroissement des forces armées mais de leur synergie sur l'ensemble du territoire, puisque, aujourd'hui, la totalité du département est concernée, et non plus simplement l'hinterland correspondant au parc amazonien de Guyane.

Preuve en est, les opérations Harpie se déroulent dorénavant à proximité des stations d'épuration d'eau potable, près du Mahury et donc de l'agglomération de Cayenne ou aux abords des zones urbaines de Kourou, voire dans les environs de Saint-Laurent du Maroni ou de Maripasoula.

Une synergie entre les services de l'État doit s'opérer sous l'égide du préfet. Des indicateurs devront permettre de constater les progrès, le cas échéant.

Les réunions semestrielles organisées par l'autorité préfectorale, qui nous donnaient l'occasion de mesurer les avancées de la lutte, ont pris fin sans que nous sachions pour quelle raison.

Sur le plan diplomatique, nous avons suscité, avec les deux États voisins du département, le Suriname et l'État brésilien de l'Amapá, un projet Bio-plateaux de gestion transfrontalière de l'Oyapock et du Maroni. De premières avancées ont été mesurées avec le Suriname, relatives à la gestion des barges d'orpaillage illégal sur le Maroni. La diplomatie doit se renforcer sur nos trois territoires.

Enfin, une bonne connaissance des milieux me semble nécessaire. J'ai observé, en discutant avec le secteur minier, représenté par la fédération des orpailleurs miniers de Guyane (FEDOMG), les lacunes qui subsistent dans la connaissance des enjeux écologiques. J'ai assisté à des discussions houleuses avec l'administration à propos de la cartographie des activités minières, légales et illégales. Il faudrait parvenir à une forme de transparence.

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