Intervention de Patrick Lecante

Réunion du mercredi 23 juin 2021 à 16h30
Commission d'enquête sur la lutte contre l'orpaillage illégal en guyane

Patrick Lecante, président du Comité de l'eau et de la biodiversité de Guyane :

. Les précipitations de ces deux derniers mois sont sans précédent, de mémoire d'homme, au moins dans ma commune. Il est souvent question du phénomène La Niña, le pendant d'El Niño, responsable quant à lui de sécheresses. Les récentes précipitations m'ont poussé à demander solennellement à l'autorité préfectorale de déclarer l'état de catastrophe naturelle. J'ai relayé cette demande au président de l'office français de la biodiversité (OFB).

Nos principales craintes, pour le moment, ne portent pas sur la détérioration des milieux écologiques mais sur une crue de nos fleuves. La montée des eaux actuelle exerce un impact direct sur la vie des habitants, notamment du Maroni et d'une partie de l'Oyapock. Les populations qui se sont installées sur les berges de Maroni utilisent ce fleuve pour toutes leurs activités quotidiennes, y puisant de l'eau, y faisant la vaisselle et y déposant même leurs déchets.

J'en appelle à la grande sagesse des autorités de l'État que j'ai interpellées, voici trois semaines, pour faire en sorte que les populations et leurs représentants légitimes, à savoir les maires, obtiennent gain de cause.

Au-delà des crues se pose le problème des autres formes de pollution, notamment au mercure, qui se répand encore plus vite dans les cours d'eau quand leur débit augmente. S'il n'est pas possible d'en mesurer actuellement l'impact, il y a fort à parier que, d'ici quelques semaines, quand les fleuves auront regagné leur lit, nous constaterons une augmentation de la contamination par le mercure.

En somme, c'est une double peine qui frappe la Guyane. À une forte détérioration écologique des masses d'eau, due à l'orpaillage illégal, s'ajoutent les difficultés résultant des changements climatiques. Une situation d'urgence climatique s'impose au Nord-Est de l'Amérique du sud, à l'origine de problèmes sanitaires. D'ici quelques semaines, des maladies hydriques se déclareront sûrement dans notre département.

En conclusion, nous ne saurions envisager de politique publique durable et raisonnable en vue du développement de la Guyane sans prendre en compte la problématique de l'orpaillage illégal. À mon sens, il convient de l'éradiquer.

Outre l'état d'urgence sanitaire, il faudrait que le Président de la République déclare l'état d'urgence écologique dans notre département en lui consacrant les moyens nécessaires pour y restaurer notre souveraineté nationale.

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