Intervention de David Gris

Réunion du mercredi 30 juin 2021 à 16h45
Commission d'enquête sur la lutte contre l'orpaillage illégal en guyane

David Gris, commandant de la brigade motorisée de Louvres et auteur du livre « Garimpeiros » :

C'est ce que j'explique aux militaires habitués aux théâtres d'opérations extérieures. Nous sommes placés sous l'autorité du préfet et du procureur de la République, à qui nous demandons la permission d'intervenir en tel ou tel lieu pour enquêter. Le préfet nous a donné comme directive la réhabilitation du domaine public, nous autorisant à détruire tout baraquement illégal en forêt.

En tant que directeur d'enquête et OPJ, je m'appuie sur des gendarmes mobiles et des militaires des FAG. C'est grâce à l'effectif et aux outils logistiques de ces derniers (hélicoptères, pirogues, quads, etc.) que nous constituons nos missions. Pour autant, rien ne peut se faire sans la gendarmerie. Nous opérons en France et devons compter avec les lois de notre pays.

Une autre solution passerait par une coopération efficace avec les pays voisins. L'État brésilien de l'Amapá, qui jouxte la Guyane, se retrouve malheureusement excentré par rapport à la capitale, Brasilia. Oiapoque se situe à plus de dix heures de bus de la capitale de l'Amapá, Macapá. Les comptoirs d'or bénéficient de la production des garimpeiros, taxée par l'État.

L'entraide et les opérations conjointes avec le Suriname s'avèrent, elles aussi, compliquées. Pour pouvoir récolter de l'or, les grosses barges paient une taxe au ministère de l'industrie surinamien, qui a, de fait, à moitié légalisé l'orpaillage.

Priver de mercure les orpailleurs illégaux reviendrait à réduire de 80 % leur production. Les 20 % restants ne leur permettraient pas de chercher de l'or dans le centre de la Guyane. Dès qu'ils ont connaissance d'un filon, ils rameutent le plus possible de personnes pour l'exploiter, d'une part pour prendre de vitesse les forces armées, et d'autre part, pour diminuer, en les mutualisant, les coûts de la contrebande de marchandises (tuyaux, essence, groupes électrogènes, provisions alimentaires, etc.). Sans mercure, les orpailleurs n'exerceraient plus leur activité que le long des fleuves, où les forces de gendarmerie pourraient plus facilement les appréhender.

Je n'entrerai pas dans des considérations écologiques, qui ne sont pas de mon ressort, mais une autre solution, d'ailleurs déjà expérimentée, consiste à implanter une mine légale sur un site exploité par des clandestins. Il suffit qu'un hélicoptère dépose en forêt une poignée de personnes, autant de hamacs et 2 moteurs pour qu'une activité minière commence.

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