Intervention de Laurent Ridel

Réunion du mercredi 15 septembre 2021 à 14h30
Commission d'enquête sur les dysfonctionnements et manquements de la politique pénitentiaire française

Laurent Ridel, directeur de l'administration pénitentiaire (DAP) du ministère de la justice :

Il s'agit d'une vaste question. Oui, le personnel a évolué. Il est d'ailleurs le reflet des évolutions de la population en général. Nous disposons d'un personnel jeune. Quantitativement, il a aussi évolué. En effet, la montée en puissance de l'administration pénitentiaire – construction d'établissements, développement de la probation, etc. – fait que nous recrutons beaucoup. Actuellement, nous disposons de 43 000 personnels pénitentiaires. Par rapport à 2018, ce sont 3 000 personnels supplémentaires actuellement en poste dans nos établissements et SPIP.

Le personnel de surveillance compte 30 000 personnes. Nous recrutons pour faire face aux nouvelles fonctions exigées de l'administration pénitentiaire ainsi que pour améliorer le taux de couverture dans les établissements. Nous avions un déficit depuis de nombreuses années. Un plan de rattrapage nous a permis de passer de 2 500 vacances d'emploi à 1 000, actuellement, ce qui représente un taux de couverture de 95 %. Cependant, je rappelle que les organigrammes des établissements ne sont pas indexés sur le taux d'occupation de ceux-ci.

Nous avons réalisé un effort appuyé concernant les personnels des services d'insertion et de probation. Tous les gouvernements ont participé à cet effort. Sous le quinquennat actuel, nous comptons 1 500 effectifs supplémentaires. Les SPIP sont des structures pluridisciplinaires composées conseillers d'insertion et de probation, de psychologues, de surveillants spécialisés, d'éducateurs, etc., qui rassemblent plus de 6 000 agents. Un conseiller d'insertion et de probation suit en moyenne 60 personnes, contre 100 à 130 personnes dans le passé.

Nous avons également réalisé un rattrapage important sur les personnels administratifs, bien qu'il existe encore des marges de progression. Ceux-ci sont gérés directement par le secrétariat général du ministère de la justice.

Par ailleurs, la reconnaissance des métiers pénitentiaires suppose également l'adoption de mesures indemnitaires et statutaires. En la matière, il y a eu des avancées notables : le passage en catégorie A+ des directeurs de services pénitentiaires, la création d'un corps intermédiaire de catégorie A, des mesures indemnitaires importantes pour l'ensemble du personnel, notamment pour les personnels de surveillance et les personnels d'insertion et de probation. Tous ces éléments représentent un effort non négligeable au regard des finances publiques. C'était pourtant nécessaire eu égard à la difficulté et à l'importance de ces fonctions.

Enfin, il est à signaler que le recrutement des surveillants connaît une difficulté particulière : les bassins d'emploi ne correspondent pas aux bassins de recrutement. Les bassins de recrutement sont de plus en plus situés en outre-mer et dans le Nord de la France. Nous imaginons le choc de ces agents au moment de découvrir le milieu carcéral en Île-de-France. C'est la raison pour laquelle nous avons mis en place des dispositifs d'accueil et de fidélisation. L'objectif est de lutter contre le sentiment d'insécurité et d'isolement chez ces agents. C'est d'abord un devoir vis-à-vis de ces agents qui exercent un métier difficile, mais cela représente également un intérêt pour l'administration. Le métier est compliqué et les agents ne doivent pas se rendre au travail la tête encombrée de problématiques personnelles. Nous avons réalisé un effort massif en la matière, notamment avec la création d'une prime de fidélisation de 8 000 euros en l'échange de six années passées sur un établissement peu attractif ou de certaines agglomérations. Au-delà de cette prime, nous avons mis en place un accompagnement social, permettant notamment la recherche de logement.

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