Intervention de Yaël Braun-Pivet

Réunion du jeudi 23 septembre 2021 à 8h30
Commission d'enquête sur les dysfonctionnements et manquements de la politique pénitentiaire française

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYaël Braun-Pivet, présidente de la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la République :

L'employabilité est cruciale. Elle inclut aussi le savoir être ; or certains détenus n'ont jamais travaillé de leur vie, ne sont pas habitués à respecter un horaire, des consignes, à un point parfois effrayant.

Lors de notre visite, avec Mme la rapporteure, au centre de détention de Casabianda, en Corse, une prison ouverte, sans mur d'enceinte, et où tout le monde travaille, la directrice, récemment arrivée d'un établissement classique, était très surprise que le réveille-matin soit le premier objet cantiné par les nouveaux détenus. Là-bas, en effet, ils doivent se présenter d'eux-mêmes dans la cour pour le premier appel, 365 jours par an : personne ne vient les chercher. Le seul fait de se lever à un horaire précis doit être appris et suppose un effort.

Certains établissements sont très performants. Le centre de détention d'Oermingen, en Alsace, où je me suis également rendue, fait figure de modèle : les lieux où travailler y existent, les bâtiments sont grands, il y a des quais de déchargement, de la place pour que les camions puissent faire demi-tour, alors que, dans certains centres, les camions ne passent pas le porche d'entrée. Ces aspects concrets sont essentiels : la structure architecturale devrait être pensée jusque dans son moindre détail. À Oermingen, il y a aussi un bassin d'emploi : les entreprises qui fournissent le travail sont toutes situées à moins de dix kilomètres de la prison. Enfin, le chef d'établissement et le chef d'atelier ont la volonté d'aller chercher les entreprises, qui ne viennent évidemment pas spontanément. Ainsi, les détenus sont 80 % à travailler, et il s'agit de travail qualifié, pas de simple façonnage, ce qui leur apporte une rémunération à l'avenant. Or la rémunération sert non pas à bien gagner sa vie en prison, mais à indemniser les parties civiles. Il est important de présenter les choses sous ce jour : on entend parfois dire qu'il est scandaleux de pouvoir travailler en détention alors qu'il y a 3 millions de chômeurs en France, mais il ne faut pas oublier que ce travail permet de réparer un dommage.

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