Intervention de Francis Gaquere

Réunion du mercredi 13 octobre 2021 à 12h15
Commission d'enquête sur les dysfonctionnements et manquements de la politique pénitentiaire française

Francis Gaquere, secrétaire du Groupe pour l'emploi des probationnaires (GREP) :

Je distingue bien, dans la RSE, la communication et les valeurs. J'ai rencontré la semaine passée un directeur RSE chez Veolia, à Lyon : je connais ses valeurs humaines. Je sais ce que fait Veolia dans le domaine, comment ils prennent les probationnaires et pourquoi. Je connais également les limites de ce procédé : le but de l'entreprise n'est pas de faire de l'insertion de personnes en difficulté, mais de dégager des bénéfices. Je pense que, peu à peu, cette idée grandit mais je ne dispose pas des éléments nécessaires pour savoir s'il s'agit plutôt de communication ou de valeurs. Beaucoup d'entreprises s'engagent sur les questions de l'environnement, plus que sur celles de la détention. Dans l'autre association, nous associons des personnes condamnées pour violences conjugales : il est difficile de les placer. Cependant, si les violents ne sont pas isolés, le travail sur les victimes ne pourra se faire.

La prison est mal connue et elle fait peur. Tout le monde a encore en tête ces images : venger, punir. Cependant, le petit travail que nous parvenons à réaliser avec des contremaîtres et des chefs d'équipe est aussi important que celui que nous menons avec les chefs d'entreprise. Notre conseil d'administration compte un représentant du MEDEF, un représentant des entreprises chrétiennes et différentes entreprises comme Sanofi ou encore des PME. Les PME nous prennent deux personnes par an, pas davantage. Néanmoins, ce sont des chefs d'entreprises fidèles, qui ont des convictions et souhaitent afficher des réussites.

S'agissant des chiffres, je souhaite vous transmettre les propos de Bruno Lachnitt, aumônier des prisons : il nous rappelait l'humilité dont nous devons faire preuve dans ces cas. Certaines personnes disparaissent pendant deux ou trois ans avant de revenir vers nous. Les personnes condamnées au placement extérieur le sont en général pour six mois : cette durée ne nous permet pas d'agir réellement. Nous les conservons plus longtemps, en utilisant d'autres financements. Ces personnes ont été marquées par ce qu'elles ont fait, puis par leur vie en prison : il est impossible, en six mois, de leur permettre de retrouver une autonomie citoyenne. La durée constitue un élément essentiel. Un juge d'application des peines a trois mois pour prononcer définitivement la peine de placement extérieur : pendant ces trois mois, la personne reste en prison, alors que c'est inutile. Il faut prévoir, à la sortie, un accompagnement beaucoup plus rapproché, qui ne se détendra qu'avec le temps. Cependant, chaque personne constitue une situation particulière : les raisons pour lesquelles chacun arrive en détention sont multiples.

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