Intervention de Bruno Lachnitt

Réunion du mardi 26 octobre 2021 à 18h15
Commission d'enquête sur les dysfonctionnements et manquements de la politique pénitentiaire française

Bruno Lachnitt, aumônier national catholique :

La réalité de l'aumônerie catholique est marquée par son histoire. En effet, pendant longtemps, en l'absence d'autres cultes dans les établissements pénitentiaires, les aumôniers catholiques ont fait office d'aumôniers pour tous. Ainsi, des aumôniers catholiques rencontrent encore aujourd'hui des détenus d'autres confessions tout en veillant au respect du chemin de chacun.

Notre priorité consiste à accompagner les personnes qui nous sollicitent vers le meilleur d'elles-mêmes, car être croyant consiste avant tout à croire en ce que l'autre porte de meilleur. Un détenu me disait un jour qu'on ne se lave pas en se frottant dans de l'eau sale. Si cette remarque semble pleine de bon sens du point de vue de l'hygiène, les prisons n'en ont malheureusement pas tiré les conséquences. Dans ce contexte, si nous ne parvenons pas toujours à accompagner notre interlocuteur vers ce qu'il porte de meilleur, nous contribuons néanmoins souvent à éviter le pire.

L'aumônerie catholique compte 694 aumôniers, dont 191 sont indemnisés par l'administration pénitentiaire. Toutefois, tous sont bénévoles, les indemnités perçues étant intégralement reversées aux aumôneries pour en assurer le fonctionnement, ce qui permet par exemple de rembourser les frais de déplacement des aumôniers bénévoles ou d'acheter des bibles ou des chapelets. Sur ces 694 aumôniers, 35 % sont des femmes. On ne recense parmi eux que 18 % de prêtres, 10 % de diacres et 7 % de religieux.

Notre organisation est composée d'aumôniers régionaux ayant chacun un ou une adjointe. L'ensemble de ces aumôniers régionaux, leurs adjoints et l'aumônier national forment un conseil national. Généralement, une équipe d'aumôniers est désignée pour intervenir dans chaque établissement. Les nouveaux aumôniers doivent obligatoirement participer à deux sessions de formation, les régions se réunissant deux fois par an lors de temps de formation. En outre, un congrès national réunit tous les six ans l'ensemble des aumôniers, et il s'agit là encore d'un temps de formation, auquel s'ajoute l'accompagnement des équipes par les aumôniers régionaux et leurs adjoints.

En ce qui concerne la radicalisation, il m'est arrivé en tant qu'aumônier catholique de rencontrer des détenus radicalisés ou à la limite de la radicalisation, notamment en quartier disciplinaire. J'ai toujours estimé que ces rencontres contribuaient par l'écoute à prévenir la radicalisation. En effet, le maintien de ce lien, même ténu, confirmait que la personne détenue n'avait pas totalement basculé dans cette voie.

En ce qui concerne les conditions matérielles, les salles prévues pour l'exercice du culte et celles dédiées aux activités en général sont souvent insuffisantes. Les établissements ont également tendance à transformer les salles polycultuelles en salles polyculturelles, alors que la circulaire de 2014 sur l'exercice du culte en détention précise que chaque établissement doit disposer d'une salle prioritairement dévolue à l'exercice du culte. Nous rencontrons cette difficulté non seulement dans les établissements anciens, mais aussi dans les plus récents. Nous souhaitons que les futurs établissements comportent suffisamment de salles pour accueillir toutes les activités proposées aujourd'hui en détention.

Enfin, je tiens à souligner moi aussi que la formation du personnel pénitentiaire s'agissant de la réalité des aumôneries est à revoir. En effet, nous sommes souvent tributaires des agents de l'administration pénitentiaire lorsque nous souhaitons rencontrer des personnes détenues.

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