Intervention de Stéphane Scotto

Réunion du jeudi 25 novembre 2021 à 10h55
Commission d'enquête sur les dysfonctionnements et manquements de la politique pénitentiaire française

Stéphane Scotto, directeur interrégional Île-de-France-Paris :

L'attractivité des métiers pénitentiaires passe par le contenu et le sens de leurs missions et l'évolution de ces dernières années, se traduisant par une professionnalisation et l'émergence de nouveaux métiers, me semble participer de cette amélioration J'évoquais d'ailleurs la concurrence dont nous pâtissons de la part des polices municipales, qui trouvent dans nos rangs des agents parfaitement formés et à qui elles peuvent offrir de meilleures conditions de logement et de rémunération.

Sur le plan du logement, nous avons développé un concours national d'affectation locale, ce qui permet de verser une prime de 8 000 euros, dont 4 000 la première année, à des agents qui rejoignent certains établissements caractérisés par un nombre de départs supérieur à celui des arrivées. D'autres dispositifs d'attractivité peuvent être utilisés en complément, comme ceux de Seine-Saint-Denis, afin de soutenir les agents en début de carrière. La problématique du logement est particulièrement complexe en Île-de-France, vu le niveau des loyers, surtout pour des agents en début de carrière. Nous travaillons en liaison avec le secrétariat général du ministère de la justice afin de développer l'offre de logement et également pour porter des projets de construction sur des emprises pénitentiaires et notamment à Fleury-Mérogis.

Pour ce qui est de la prise en charge des publics radicalisés, j'ai eu l'occasion de participer très tôt à la lutte contre ce phénomène. Nous devons nous garder de considérer que la prison serait nécessairement une chambre d'incubation pour la radicalisation alors qu'en réalité, les processus de radicalisation sont majoritairement présents hors de la prison et notamment sur Internet. L'administration pénitentiaire a dans un premier temps isolé les détenus radicalisés afin de limiter leur pouvoir d'influence sur les autres détenus. Elle a ensuite travaillé sur le désengagement de ces postures radicales, en cherchant à évaluer précisément quels détenus étaient radicalisés et lesquels ne l'étaient pas, d'où la création des QER, qui complètent les quartiers de prise en charge de la radicalisation, ou QPR. Nous travaillons en relation avec les services pénitentiaires d'insertion et de probation mais également avec des partenaires externes. Nous avons ainsi créé un dispositif de prise en charge en milieu ouvert des personnes fortement radicalisées, que nous avons déployé à Lille, Lyon, Marseille et Paris. Parallèlement, le renseignement pénitentiaire s'est connecté aux autres services de renseignement de l'État.

Quant à la régulation carcérale, ce vœu fonctionne parfois. J'ai pu voir un tel processus à l'œuvre au niveau de la juridiction de Grenoble, en lien avec l'établissement de Varces. Nous travaillons aussi sur le sujet en région parisienne. Un tel dispositif de régulation pourrait se traduire par la définition d'un seuil : lorsque ce dernier serait atteint, les efforts d'aménagement des peines ou d'alternatives à l'incarcération seraient intensifiés.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.