Les médias renvoient malheureusement encore une vision très négative de l'administration pénitentiaire, notamment en relayant des discours syndicaux qui ne correspondent pas à l'attachement à leur métier que nous constatons chez les surveillants. J'aurais eu de multiples occasions de quitter l'administration pénitentiaire mais j'y suis resté car j'y suis fortement attaché car mon travail m'apporte beaucoup de satisfaction, eu égard notamment à la prise en charge des personnes qui nous sont confiées.
Je dirigeais la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis à la même époque où M. Scotto était directeur à Fresnes. Le directeur interrégional de l'époque avait organisé une réunion de crise en octobre 2014, trois mois avant les attentats de janvier 2015, pour évoquer la problématique du prosélytisme en détention – le terme « radicalisation » n'était pas encore employé. Notre objectif était d'élaborer un plan d'action préventif. Nous avions envisagé trois types de mesures, dont l'isolement des personnes radicalisées du reste de la population carcérale. Notre projet a été rejeté catégoriquement par la garde des Sceaux de l'époque, et notamment le concept de créer des unités dédiées à la prise en charge de certains profils. Je me félicite que ces unités aient finalement vu le jour et qu'elles aient pu être déployées rapidement. Les personnes potentiellement radicalisées sont évaluées au sein des QER puis le cas échéant transférées vers les QPR – celui de mon territoire a été créé fin 2020.