Intervention de Didier Lallement

Réunion du mercredi 30 octobre 2019 à 15h10
Commission d'enquête chargée de faire la lumière sur les dysfonctionnements ayant conduit aux attaques commises à la préfecture de police de paris le jeudi 3 octobre

Didier Lallement, préfet de police :

Le plus simple est que je vous remette cette note : vous aurez ainsi l'ensemble des éléments. Mais je veux bien la lire devant la commission : « Le major [c'est-à-dire le responsable hiérarchique de premier niveau] confirme que cet échange a bien eu lieu, qu'il était informel et que ses deux collègues étaient dans la retenue [il s'agit des deux collègues à l'origine de l'échange] . Il leur demandait alors s'ils souhaitaient formaliser ce signalement, ce qui n'était pas leur intention, leur démarche s'inscrivant dans une perspective de conseil. Ils déclaraient qu'ils souhaitaient en parler à leur chef de section (…). Ce dernier serait revenu vers le major fin août début septembre (…) pour lui dire “qu'il n'y avait pas de sujet avec M. Harpon et qu'il gérait à son niveau.” »

Les mesures que j'ai prises depuis ont pour objet d'éviter que cela ne se reproduise : les signalements doivent désormais remonter à mon niveau, au cabinet du préfet. Voilà donc ce que je pouvais vous dire sur ces éléments, dont Mme Bilancini et moi-même avons pris connaissance après l'attentat. Ils corroborent ce que disait le ministre de l'Intérieur : dans l'administration, ce sont les traces écrites qui donnent des indications sur ce qui a pu se passer précédemment ; or il n'y avait rien dans les dossiers. Tout cela me paraît assez cohérent.

Comme moi, vous vous interrogez sur ce qu'il s'est passé à cette époque. S'agissait-il d'un cas d'espèce, lié à un environnement, à un groupe d'individus désirant se conduire de cette façon-là, ou bien était-ce un fonctionnement systématique de la police ? Voilà la question au cœur de mes préoccupations, et c'est pour cela que j'ai pris les initiatives que je vous ai décrites tout à l'heure, dans le but d'encourager la remontée d'informations.

Monsieur Pupponi, la conversion à l'islam ne doit pas entraîner de vérification particulière. En revanche, quand le comportement d'un fonctionnaire habilité secret défense dans un service de renseignements change, alors oui, la question doit être posée. Dans le cas de Mickaël Harpon, que je ne connaissais pas, un autre élément me paraît assez important : il était sourd-muet. Selon ses collègues, il ne répondait pas au téléphone dans le service parce qu'il n'était pas compréhensible par un tiers. Il est donc possible qu'il n'y ait pas eu d'expression d'un prosélytisme extrême puisqu'il parlait fort mal – pure hypothèse de ma part, puisque vous me demandez mon avis ; je me garderai bien de m'aventurer sur ce terrain-là.

L'analyse des faits montre qu'il s'agit peut-être d'un cas spécifique. Toutefois, je me dois d'envisager que des comportements de cette nature existent : je dois donc absolument décloisonner le système pour encourager la remontée des signalements à mon cabinet et déclencher les enquêtes nécessaires.

Enfin, concernant Saint-Étienne-du-Rouvray, je n'ai pas d'autres éléments que ceux qui ont été fournis à la Représentation nationale par le passé.

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