Intervention de Didier Lallement

Réunion du mercredi 30 octobre 2019 à 15h10
Commission d'enquête chargée de faire la lumière sur les dysfonctionnements ayant conduit aux attaques commises à la préfecture de police de paris le jeudi 3 octobre

Didier Lallement, préfet de police :

Il avait effectivement un couteau, mais encore faut‑il le voir. En quelques secondes, sur un homme couvert de sang, ce n'est pas aussi évident que cela. Je ne suis pas le meilleur spécialiste de la question, mais je dis que ce n'est pas aussi simple que cela. En revanche, je suis d'accord avec vos conclusions : nous devons être plus rapides dans les protocoles. C'est notamment pour cela que j'ai mis en place un dispositif de patrouille interne. Jusqu'à présent, le port du badge était assez souple à l'intérieur de la préfecture de police – tout le monde n'en portait d'ailleurs pas. J'ai demandé que le port du badge soit systématique et qu'il y ait des contrôles à l'intérieur de la préfecture de police, aussi bien des personnels en uniforme qu'en civil, de manière à avoir en interne un dispositif de filtrage. Interviendrait‑on pour autant plus rapidement pour un événement qui se passerait au premier étage d'un bâtiment ? Peut-être. Je ne sais pas combien de temps on aurait pu gagner.

Il n'y a pas eu de coups de feu, sinon à la fin. Il faut bien vous rendre compte que personne n'entend rien. Il y a des cris à l'évidence, qui ne sont entendus qu'à proximité. L'enquête établira sans doute que des fonctionnaires, par habitude, s'enferment pour déjeuner, certainement pour ne pas être dérangés par leurs collègues. Un fonctionnaire à proximité, qui avait fermé sa porte, a entendu les cris et signalé immédiatement le problème au poste de garde. Les choses se sont ensuite enchaînées. Une partie des victimes ont aussi été croisées dans l'escalier. Encore une fois, je ne juge pas des circonstances, mais je suis d'accord avec votre conclusion : il faut être beaucoup plus rapides et avoir des modalités d'information.

Je n'ai pas connaissance d'une information sur des clés usb retrouvées au domicile de l'intéressé. La DRPP doit renforcer ses procédures. Je veux néanmoins saluer devant votre commission Mme Bilancini pour son travail. Depuis qu'elle a été nommée directrice en 2017, plusieurs procédures ont été remises en vigueur. Elle a retiré un certain nombre d'habilitations. Comme il s'agit de choses qui se sont produites avant mon arrivée, je n'en tire aucun bénéfice, mais dis tout à fait objectivement ce qu'elle a fait – elle a notamment décidé que la délivrance des habilitations est conditionnée à des entretiens, au‑delà des criblages.

Mme Bilancini aura sans doute l'occasion de vous en dire plus sur son travail tout à l'heure. Elle a véritablement changé la nature d'une DRPP qui, pour autant que je puisse en juger en 2019, n'était pas encore entrée dans une logique de service de renseignement du deuxième cercle. Mme Bilancini a véritablement rehaussé le dispositif, même si, très objectivement, son action n'a pas permis de détecter les faits de 2015 et les suites qu'elle ne pouvait pas connaître. Néanmoins, elle a modernisé les procédures et la sécurité bâtimentaire. Par exemple, avant son arrivée, aucune procédure n'assurait l'étanchéité de la DRPP. Je crois même qu'il y avait une crèche à proximité… Tout cela a été réorganisé. Je défendrai vraiment Mme Bilancini qui a fait un travail remarquable dont on peut se féliciter.

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