Je ne peux pas vous répondre : nous ne regardons pas les mosquées non rigoristes. Tout dépend, par ailleurs, si on prend en compte les pratiquants, c'est-à-dire ceux qui font leurs cinq prières par jour, ou ceux qui ne font que le ramadan – comme les chrétiens qui font seulement leurs Pâques. La pratique de l'islam est très diverse.
Il existe une grande différence entre les salafistes et les fréristes, même s'ils sont tous des fondamentalistes.
Les salafistes estiment qu'on ne peut vivre sa religion d'une manière normale qu'en étant coupé de la société impie : ils souhaitent une vraie séparation avec la société française laïque. Il n'y a pas d'organisation centralisée chez les salafistes : ils ressemblent plutôt aux protestants, si je puis dire. Ils sont beaucoup plus décentralisés que les Frères musulmans. Les salafistes s'investissent dans la sphère éducative pour essayer de propager leur croyance, mais ils n'ont pas de financements lourds. Ils ne créent pas eux-mêmes des lieux : ils essaient plutôt de les infiltrer, de les récupérer et d'imposer la façon dont ils vivent leur religion. Enfin, ils rejettent complètement le processus électoral. Pour eux, le simple fait de participer à des élections est impie : cela voudrait dire que l'on reconnaît une sorte de supériorité à la loi de l'homme sur celle de Dieu.
Les fréristes, c'est un peu le contraire : il s'agit d'une élite souhaitant irriguer complètement la société en entrant dans la vie publique, voire politique. Rassemblés au sein d'une fédération nationale, Musulmans de France, ils désirent clairement prendre le pouvoir par les urnes. Le lien entre les deux est donc une vision fondamentaliste de la religion, bien que la façon de l'exprimer ne soit pas la même : le but est de faire un jour que le pays dans lequel ils se trouvent soit régi par la loi de Dieu et non par la loi des hommes.