Intervention de Lucile Rolland

Réunion du mercredi 11 décembre 2019 à 14h35
Commission d'enquête chargée de faire la lumière sur les dysfonctionnements ayant conduit aux attaques commises à la préfecture de police de paris le jeudi 3 octobre

Lucile Rolland, directrice centrale adjointe à la sécurité publique, cheffe du service central du renseignement territorial :

Attention : il existe 2 000 lieux de culte musulmans, dont 104 sont salafistes et environ 130 fréristes. Pour qu'une mosquée soit considérée comme fondamentaliste, plusieurs marqueurs sont nécessaires : il faut que les fidèles se reconnaissent dans un discours fondamentaliste et que les prêches suivent cette orientation, tout comme le bureau de l'association qui dirige la mosquée, même si nous sommes conscients qu'il peut y avoir un bureau de paille.

Ahmed Hilali est considéré comme salafiste et l'autre imam comme frériste, ce dernier uniquement parce qu'il dit avoir étudié à l'IESH – Institut européen des sciences humaines –, qui est clairement frériste. Cependant, la teneur des prêches et les opinions de ceux qui fréquentent cette mosquée ne justifiaient pas de traiter cette dernière comme les mosquées sur lesquelles nous nous penchons très régulièrement, en écoutant les prêches ou en tentant de détecter un repli identitaire, signe qui nous intéresse également.

Une mosquée prise en main par les salafistes ou une mosquée frériste induira un repli identitaire, qui commence en général par du soutien scolaire : on incite les parents à amener leurs enfants le mercredi après-midi et le samedi matin, pour une aide aux devoirs, mais au lieu de les aider, on leur apprend le Coran, et comme on ne peut pas apprendre le Coran autrement qu'en apprenant l'arabe, on leur enseigne l'arabe. Puis les petites filles commenceront à être voilées dès l'âge de six ans, pour les habituer ; il y aura des cours séparés pour les petites filles et les petits garçons ; on leur dira qu'à l'école, il faudra absolument refuser d'entendre parler de la théorie de l'évolution ; on dira aux petites filles qu'il ne faut absolument pas participer aux activités sportives et aux petits garçons que quand ils se douchent après les activités sportives, ils doivent rester tout habillés parce que sinon, ce n'est pas bien – je caricature pour montrer ce que peut être une mosquée salafiste ou frériste, et la façon dont elle s'attaque au tissu social.

On commence par le secteur éducatif, puis on propose des activités pour les femmes, de manière à ce qu'elles apprennent comment elles doivent se tenir, le but étant ensuite de faire en sorte que le guide moral et permanent de la façon dont les musulmans doivent se comporter soit en accord avec cette vision fondamentaliste de l'islam. C'est cela que nous estimons être des lieux de culte fondamentalistes : tous les fidèles qui viennent sont acquis à cette acception de l'islam, les prêches vont tous dans ce sens ; de plus, quand il s'agit de fréristes, le financement apporte une preuve supplémentaire, tout comme le fait, dans l'islam turc, d'expliquer aux enfants que leur président n'est pas M. Macron mais M. Erdoğan.

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